Il aimait à se gratter le cul… odieusement en présence d’un public.Il n’aimait pas que cela…se curer le nez, profondément, en extraire sa sousbtantifique moelle et l’absorber, de préférence face à un enfant qui le regardait avec un sourire d’étonnement, à moins qu’il ne fut au bord des larmes, d’effroi. Il aimait son odeur pestilentielle qu’il travaillait depuis de nombreuses années à grand renfort de T-shirt crasseux, dont la sueur imprégnée avait longuement séché au soleil comme un de ces vins de Rivesaltes. Il s’aimait s’entendre péter, modulant foireusement le plus souvent, rougissant convulsivement dans un dernier effort pour chasser tout le gaz de ses intestins mal nourris. Il ne buvait que du vin, du lever au coucher du soleil, ne se lavait jamais les dents, parfois le corps quand les démangeaisons devenaient ultimes et inconfortables… Il rotait grassement, ravalait son vomis, mangeait la bouche ouverte. Personne ne l’aimait, on changeait de trottoir quand on le croisait, prévenait la police quand il en rajoutait. Pourtant c’est lui qui ce soir là s’est jeté à l’eau pour sauver la petite adolescente amoureuse qui voulait en finir avec la vie, c’est lui qui ne sachant pas nager , s’est débattu de longs instants pour la ramener au bord, si jolie, ses cheveux blonds mouillées. C’est lui qui l’a sauvée, c’est lui qui est mort sur le bord de la berge, le coeur arrêté par cet effort de Titan qu’il ne lui avait jamais proposé. Elle était seule à côté de lui, sauvée, lui mort. Il y eut encore longtemps avant que d’autres viennent la secourir… lui déjà fini et bientôt oublié. Chez lui, quand on a ouvert la porte, tout était propre… sur de beaux cahiers blancs, écrits à la plume, des milliers de poèmes …. d’amour, encore d’amour.