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Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 23
Elle saisit son téléphone, sans aucune hésitation, composa le numéro, mon numéro… Mon téléphone sonna, je le laissai sonner trois fois avant de décrocher.
» Bonjour Clémence, heureux de vous entendre
_ Bonjour… Comment dois-je vous appeler ?
_ Vous, me suffira. Vous vous êtes enfin décidée à accepter ma proposition ?
_ Il y a de fortes chances, mais j’aimerais à nouveau vous rencontrer.
_ ce ne sera pas possible de suite… Je veux juste vous dire que depuis trois ans, je vous observe, je vous protège de certaines personnes et de certains déroulements de situations dans lesquels vous pourriez choir, mais je vous laisse affronter votre réalité telle que vous l’avez envisagée. Je ne suis près de vous que pour protéger ce que vous représenter pour notre congrégation…Quand vous aurez acceptez, je préviendrai mes pairs et vous pourrez commenc…
_ Comment êtes-vous certain de ne pas vous tromper ?
_ Je ne suis certain de rien, vous êtes celle sur qui mon regard s’est arrêté, mon intime conviction, ma certitude faite femme… Si vous acceptez et que vous rompez notre contrat sans nous trahir, je me contenterai de passer à une autre recherche.
_ C’est oui… mais à condition que nous commencions de suite. Je veux commencer à devenir…
_ C’est l’effet de quelques jours, je dois d’abord en informer mes pairs, obtenir leur assentiment et seulement après je te dirais que faire. Je te téléphonerai… »
Je raccrochai et repris son observation de la fenêtre qui donnait sur la cour intérieure de son bar d’où elle venait de me téléphoner. Elle ne chercha pas à me repérer, elle raccrocha en souriant, leva les yeux vers les immeubles qui entouraient sa cour. Elle était vêtue d’une robe rouge, ses cheveux étaient d’un roux plus auburn que d’habitude. Elle releva sa robe sans dévoiler son ventre et quitta adroitement, tout en se déhanchant harmonieusement au son de la musique que l’on entendait par la porte de secours ouverte, sa culotte de soie noire qu’elle laissa au milieu de la cour non sans s’être essuyée la bouche avec… Je fis mes courriers, les postai. Les réponses revinrent, toutes, une petite dizaine de jours plus tard. Désormais je ne m’occuperai que de Clémence. Je lui téléphonai, il était six heures du matin, elle était couchée depuis quelques heures. Je dormais quand elle dormait, ouvrais les yeux quand elle se réveillait, me réveillais quand elle ouvrait les yeux…
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 22
Clémence continua sa vie prestement commencée, les trois derniers mois qui la conduisaient à sa vingtième année se passèrent silencieusement en observant le monde qui l’entourait, en téléphonant à la femme en noir qui avait commencé à écrire l’histoire de sa vie. Elle avait plutôt écrit ce qu’elle pouvait penser de la vie de Clémence, peut-être se pensait-elle capable de lui imaginer un passé qui serait plus intense que la vie d’enfant que Clémence avait vécue, mais il ne m’était pas possible de savoir ce qu’elle écrivait sur ses feuilles de, papier qu’elle conservait dans un semainier de cuir noir qu’elle s’empressait de confier à son garde du corps, géant de son état, armé et méfiant de par la fonction qui lui était attribuée. J’attendais que ce livre soit publié pour comprendre ce que cette femme pouvait souhaiter de Clémence ou peut-être n’était-ce qu’un simple désir sexuel sublimé que cette femme exultait à travers un écrit qu’elle semblait prendre à coeur ?… Plusieurs fois je la regardai écrire, il y avait parfois un début de sourire qui illuminait son visage et puis cela devenait un réelle tension qui se présentait à ses sourcils, alors elle se concentrait encore plus et au bout d’une dizaine de lignes elle se dépêchait de ranger sa feuille dans son classeur noir, l’homme le prenait sous le bras et il était très dur d’envisager une quelconque prise de l’objet, ses deux mètres étaient un frein à toute tentative. Un soir elle lui fit lire les trente premières pages. Clémence se concentra, effort qui disparu au bout d’une dizaine de secondes, elle sourit, s’apaisa encore plus lorsqu’elle finit de lire. Elle se retourna vers la femme et l’embrassa à ma grande stupeur sur ses lèvres qu’elle avait recouvert d’un puissant rouge à lèvres pourpre… elle en trembla, j’en frémis… Clémence retourna sur ses pas, vêtue d’une robe fourreau mordorée, à la transparence certaine, transparence qui exaltait ce soir là la puissance érotique de ses courbes… Je fus pris d’une érection soudaine que je me refusai à accepter. La femme en noir se propulsa auprès de son garde du corps, elle essuya une larme. Clémence sortit de son tiroir de bureau le portefeuille rose dans lequel elle rangeait la carte que je lui avais confiée quelques années plus tôt.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 21
Elle la regarda, et de nouveau la rangea au même endroit. Sa vingtième année approchait et elle commençait à saisir avec la plus grande finesse, l’impact qu’elle avait sur son entourage, pour preuve sa micro réussite sociale, qui certes ne lui apportait aucun satisfecit d’ordre matériel et personnel, si ce n’est certainement la compréhension intelligible de ce que sa féminité donnait à la lisibilité à moyen terme de sa vie. Elle installa trois autres jeunes femmes en lieu et place de sa personne qui s’acquittèrent avec la plus grande diligence et vélocité de la fabrication des cocktails. Clémence gérait, créait d’autres boissons sexuées… donnait l’impression d’attendre une suite à sa vie.
La femme en noir réapparut, toujours vêtue de cette même robe noire, qui j’ose espérer était un duplicata d’une nombreuse série que son tailleur avait conçue pour elle. Je ne sais comment elle avait trouvé Clémence, mais quand je la vis entrer dans le bar de nuit qui désormais s’appelait … »Clémence », elle donna l’impression de connaître les lieux, pour preuve elle se dirigea de suite vers l’une des nombreuses portes qui abritait le bureau de Clémence. Malheureusement pour moi, le micro que j’avais réussi à installer une nuit d’un dimanche de fermeture cessa de fonctionner au milieu de leur conversation. Je n’eus droit qu’à la moitié de leur dialogue. Elle se présenta à Clémence comme un écrivain qui l’avait croisée au coin d’une rue il y a presque deux années auparavant, qu’elle avait été marquée par sa beauté et qu’elle voulait écrire un livre sur sa vie. Clémence résuma le fait en quatre mots:
« Vous serez ma biographe…
_ En quelque sorte… peut-être un peu plus romancé que vous ne l’imaginez.
_ Vous n’aurez pas besoin d’ajouter du sens littéraire et romancé à ma vie, elle vous paraîtra suffisamment haletante pour que vous vous contentiez de simplement la raconter.
_ Mais d’abord il faut que je vous racon….. »
La micro tomba en panne à cet instant et la femme en noir sortit une trentaine de secondes plus tard. Je ne pense pas qu’elle ait pu lui dire quelque chose d’important, mais désormais, je surveillais aussi cette romancière…
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 18
Clémence prenait toujours autant de plaisir à l’écouter. Un soir, alors qu’elle lui avait donné rendez-vous dans un parc, par une belle soirée printanière, elle resta une heure à l’écouter lire des poèmes de Michaud. Elle était immobile, maladivement immobile, je ne l’avais jamais vue ainsi, son corps s’en était même vouté, sa poitrine tombait sur son ventre, donnant l’apparence de s’être arrondi… était-elle enceinte ? j’étais persuadé du contraire, mon observation journalière de ses déplacements et rencontres me laissait à penser qu’elle n’avait croisé aucun homme suffisamment intéressant pour qu’elle ait pu se laisser aller à cette nécessité biologique et égoïste. Non, elle était pleine de la voix et des textes que ce jeune homosexuel lui avait lu pendant près de neuf mois. Quand il eut fini, elle le regarda droit dans les yeux et s’adressa à lui.
« Tu sais… on va arrêter de se voir, je n’en ai plus envie, je n’en ai plus besoin…
_ De quoi me parles-tu, besoin de quoi ?
_ Besoin d’entendre ta voix, besoin d’entendre tes textes, besoin de cette sensibilité qui m’a simplement positionnée à côté de toi…
_ Mais nous sommes des amis, il y a quelque chose qui s’est scellé entre toi et moi…
_ Il y a juste le temps et l’espace qui s’est posé là, toi qui avait envie de lire, de donner du texte à mon corps, mon corps qui avait soif et faim de tout ces mots, de ce sens qui maintenant est en moi. Je suis enceinte de ta voix, tout cela va germer, ces mots seront mon sens à venir. »
Le jeune homme était en plein désarroi, au bord d’une crise qui aurait pu être de larmes ou de nerfs. Lui, qui jusque là n’avait aimer et désirer que des hommes, sentait en lui une violente pulsion qui aurait pu le pousser à frapper cette femme ou à toucher son corps pour se l’approprier comme un morceau de viande qu’on avale goulûment, croyant calmer sa faim. Cependant ce n’est que sa main droite qui saisit l’épaule gauche de Clémence, il lui fit presque mal. Elle positionna sa main droite sur sa main gauche, la retira calmement puis la lâcha. L’énervement de l’homme devenait de moins en moins perceptible et de plus en plus visible. Il éleva la voix, chose qu’il n’avait jamais fait et cette voix maintenant moins chaude, plus forte, à la fréquence différente de celle que Clémence avait eu l’habitude d’entendre, celle qui laissait son esprit se lover au creux de ce son, cette voix eut l’effet d’un électrochoc. Le regard de Clémence changea, je retrouvai cette étincelle froide que j’avais repérée la première fois. Elle prit de sa main droite, la baguette de bambou qui maintenait le chignon, qu’elle avait d’un roux plus orangé qu’à un certain moment. Le jeune homme n’eut pas le temps de savoir si sa crise serait ou de larmes ou de nerfs, elle lui planta cette baguette de bambou droit dans l’oeil droit, atteignant le cerveau. Il mourut sur le coup, s’écroulant sur le gazon du parc vide. Clémence laissa ses cheveux retombés, ils me parurent plus rouges qu’orangés sous la lumière naissante du lampadaire à gaz néon du parc. Le corps gisant, Clémence debout et droite, tous deux sous ce lampadaire, tous deux immobiles. Je pris une photo dont les couleurs s’estompaient bien avant que le temps passe. Clémence se retourna, l’étincelle de ses yeux était revenue, juste plus chaude qu’avant. J’avais toujours de l’acide dans le coffre de ma voiture.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 17
Je m’intéressai de plus près à ce jeune homme dont la déroutante insignifiance m’avait laissé à penser qu’il ne pouvait pas être perturbant pour Clémence, et ce surtout parce que j’avais compris son attirance physique pour les hommes. Mais plus je voyais Clémence se tempérer plus je m’inquiétai du pourquoi de cette situation, de la réelle teneur de leur relation. Mon observation patiente et aiguisée de leur continuum journalier dut se compléter d’une écoute précise de leurs dialogues. Ce jeune homme n’était pas l’étudiant de deuxième année que j’avais cru reconnaître, il était élève dans un cours de théâtre et sa voix, le juste son de sa voix mettait Clémence dans un apaisement émotionnel tel qu’elle ne ressentait plus le besoin de laisser exprimer sa personnalité qui apriori brillait ou existait par sa sexualité débordante et expérimentale. Les textes qu’il lui lisait, les poèmes qu’il déclamait ou récitait la remplissait, remplissait ce vide intérieur qui la caractérisait jusqu’à ces instants. Il lui lisait du Céline, lui récitait du Rimbaud, s’inquiétait avec elle sur du Mayakovsky, pleuraient parfois tous deux sur des vers étrangers prononcés… Ces instants vibratoires mettait le corps de Clémence dans une harmonie sensuelle suffisante pour qu’elle n’éprouve pas le besoin de se laisser aller à des explorations corporelles diverses et incertaines. Son être s’harmonisait à la voix de cet homme, je la voyais se structurer, se densifier. Son appétence réelle pour la fréquence vocales de ce garçon l’éloignait de ses prises de pouvoir copulatives qu’elle avait pu avoir à d’autres moments. Je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour que la dix-huitième année de Clémence se passa ainsi, éloignant ou déroutant du chemin de Clémence tous les hommes dont je pensais qu’ils auraient pu, par leur présence physique, perturber cette maturation… Elle s’endormait souvent un livre à la main, Le son de cet homme stationnait en elle…
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 15
Moi, homme à qui l’on avait transmis, j’étais l’observation. De tous temps il nous avait été formellement conseillé de respecter la plus grande neutralité à l’égard du sexe féminin, l’action sexuée nous était interdite, l’observance de cette règle était essentielle à la réussite éventuelle de notre tâche. Nous ne pouvions mener à bien celle-ci que si nous étions capable d’éteindre notre flux hormonal et le réduire à la plus profonde sagesse. Nous savions bien, et ce depuis l’aube des temps, qu’il nous était grandement difficile d’infléchir le sens d’exécution de l’axe sur lequel nos sociétés vivent. Si tel n’avait pas été le cas , il y aurait eu bien longtemps que les guerres auraient disparues et que les femmes auraient pris ce pouvoir temporel auquel les hommes étaient divinement attaché… ils avaient même créé un seul et unique dieu à leur image pour imposer cette faible force physique. Mais nous luttions et nos choix avaient de tous temps permis une constante, mais faible, adéquation du perturbant masculin avec le calme féminin. Les hommes n’étaient que cela: de faibles êtres du futur condamnés à imposer violemment leur croyance du présent… les femmes ou sorcières ou voyantes, savaient quel était le sens du temps et ce qu’il en adviendrait s’il n’était pas respecté… Nous les cents, n’étions que des pourvoyeurs du temps futur que nous savions lire dans l’immédiateté du présent, le fusible par lequel passaient toutes les tensions de notre humanité. Le cul des femmes calmait la haine destructive des hommes. Le corps des femmes apaisait l’invariable solitude temporelle des hommes… Et ces corps d’hommes les ancraient pesamment dans un temps toujours plus dur, toujours plus long à vivre.
Clémence se réveilla au moment où notre lune accompagnatrice faisait front à la noirceur de la nuit. La lune était pleine, brillante, savante… Clémence, de ses yeux verts et noyés de sommeil oublié, la regarda. J’étais au loin, moi aussi dans une ridicule petite tente qui abritait mon regard et mes regards. Elle sortit nue de sa tente, elle ne savait pas qu’elle était nue mais elle savait qu’il était nuit. Depuis son endormissement, un homme, un de ceux dont l’odeur corporelle peut pousser une femme à fermer les yeux et ne plus respirer, un de ceux dont la rusticité peut pousser une femme à ne plus vouloir être une femme, juste après, un de ceux dont la corpulence et la pilosité ne peut satisfaire une sensibilité féminine acquise à la douceur et à la sensualité…Ou alors à de franches paysannes d’un autre temps à qui, si on leur avait demandé ce qu’elles en pensaient, auraient pris le temps de dire non et d’y penser avant de le dire… Un homme, un de plus. Cet homme observait le corps de Clémence offert, certes, mais qui ne lui était pas destiné. Je le voyais manipuler ses organes génitaux plus en avant au fur et à mesure que sa tension nerveuse et sanguine augmentait, il allait la violer, peut-être la tuer juste avant ou juste après… tant qu’elle serait chaude et humide il n’en verrait pas la différence… il se dirigea silencieusement vers Clémence qui, nue , sentait que cette lune avait à lui parler. Je le vis sortir de sa poche, un couteau, je pouvais sentir sa forte odeur de l’endroit où j’étais situé. Tellement elle était collante, elle ne pouvait se détacher du simple vent calorifère de cette soirée… Je tirais une seule balle l’abattant silencieusement, à la base de la nuque; tout au plus le sifflement de la balle dans l’air et le bruit pneumatique de sa sortie du silencieux de mon fusil pouvait être pris pour le bruit d’un écureuil sautant d’arbre en arbre. La lourde masse de cet abruti tombant sur le sol, dans ce bosquet dans lequel il s’était caché laissa endormis les sensde Clémence. J’irai le ramasser une fois qu’elle se serait recouchée, là où il était il ne pouvait être vu et ce malgré la lumière jaunissante de cette pleine lune. Quelques minutes passèrent, Clémence sentit le sang coulé le long de ses cuisses, elle passa sa main entre ses jambes… sentit ce sang chaud et s’en retourna vers sa ridicule petite tente qui sous la lumière de la lune prenait des teintes verdâtres. Avant de se coucher, elle remarqua l’exemplaire des fleurs du mal que j’avais discrètement jeté alors qu’elle était dans son premier sommeil siestal, elle s’endormit au bout de quelques pages. Je fis disparaître ce corps lourd et pesant sous un arrosage d’acide dont je gardais toujours quelques litres dans ma voiture, une fois réduit à de simple composants, je le hissais dans le grand coffre de ma voiture, non sans l’avoir enveloppé d’un tissu. J’allais jusqu’à la plage où un bateau m’attendait suite à mon appel téléphonique cellulaire. Il serait plongé plus loin et lourdement accompagné. Nous les cents avions toujours moyens de mener à bien notre projet… l’argent n’était pas notre problème et encore moins notre but… Clémence saigna encore pendant quelques jours en restant dans sa tente.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 13
Elle reprit sa route sans s’être essuyé le visage qui sécha vite au soleil presque à son zénith. Arrivée à sa tente, elle se déshabilla et se coucha pour une sieste, la tente restait ouverte, tout à chacun pouvait la voir endormie et nue. Je décidai de me reposer aussi.
Depuis la nuit des temps, depuis que l’homme a pu écrire et qu’il a structuré ses sociétés par l’intermédiaire de lois, notre congrégation existe au delà de toutes considérations religieuses, ethniques, sociales ou spirituelles. Elle n’a toujours été composé que de cent hommes, jamais plus, jamais moins qui au fil des siècles se sont passés cette charge et mission de père en fils, d’homme à homme, d’initié à disciple. Chacun d’entre nous a pour mission de trouver celle qui accèdera au pouvoir totale, féminisant la société afin qu’elle ne tombe pas dans le chaos et l’obsolescence. Nous avons compris depuis toujours que la violence innée de l’homme ne pouvait permettre au pacte social initial de perdurer. Seule la bienveillance féminine a pu maintenir un semblant d’harmonie afin d’éviter toute forme d’extinction prématuré de la race humaine par une violence accrue et récurrente. Ainsi depuis toujours nous veillons à l’équilibre des émotions et nous cherchons sans pour autant l’avoir trouvée celle qui sera… elle n’est qu’une élue. Mais ayant pris conscience que notre surnombre ne pouvait permettre une inversion totale de sexocratie et de sexologique, nous avons pris la décision de détruire le monde avant l’année 2050 si aucune amélioration notoire du flux sociétal dégénératif était remarquée et ressentie. Depuis deux mille ans nous avons essayé, parfois avec de belles réussites… Néfertiti, Cléopâtre, Aliénor d’Aquitaine, Mary stuart, Hypatie d’Alexandrie, Jeanne d’arc, Pocahontas, Mulan, Catherine de Médicis, Messaline, Victoria et d’autres encore dont l’Écrit ne retint pas les noms mais qui parfois firent basculer l’histoire positivement mais aussi a contrario de ce que nous avions espéré. Ainsi Jésus avait une sœur jumelle qui fut tuée par un légionnaire romain, mais c’est elle qui le guida dans son destin, si elle n’était morte prématurément elle aurait pris sa place. Attila était une femme, nous étions les seuls à le savoir. Jules César tomba amoureux d’une princesse gauloise qui devait calmer ses ardeurs conquérantes mais elle mourut des suites d’un accident de cheval, fou de douleur il conquit le reste du monde. Christophe Colomb tomba à l’eau poussée par Maria Térésa de villalobos, déguisée en homme et engagée comme géographe, elle savait ce qu’il allait découvrir et ne pouvait mettre en péril les sociétés amérindiennes, mais ce soir là un homme se réveilla et le sauva, elle fut découverte, jetée à l’eau à son tour, Colomb fit jurer à ses hommes de ne jamais en parler, l’Amérique fut découverte.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 12
La femme en noir contourna le corps de Clémence en effleurant les tissus de leurs robes respectives, leurs hanches se frôlèrent, aucune n’eut un sourire mais chacune ressentit intérieurement la satisfaction de la découverte d’une harmonisation. Ce fut leur première rencontre. J’avoue que l’image de la femme en noir resta longtemps présente à mon esprit, au moins jusqu’au moment où la pellicule fut développée. Leurs deux corps s’éloignèrent l’un de l’autre, je n’avais pas d’autre choix que de suivre Clémence, mais il est vrai que j’eus un doute qui me poussa à me retourner sur le corps lent, long et de plus en plus lointain de cette femme en noir, je savais que je ne serai pas sans la revoir. Quand je passai à l’endroit où elles s’étaient rencontrées, je remarquai que cette femme avait fait tomber de sa pochette une photo d’un paysage, un paysage marin de bord de mer pris de trois-quarts haut, le style de paysage méditerranéen que l’on ne peut voir que si l’on possède une de ces grandes villas accrochée à l’une des falaises d’une des côtes secrètes de la mer méditerranée… Je ramassai et conservai. Je suivis Clémence qui retournait à son camping, elle avait réussi à se nourrir au marché sans dépenser un sou, se penchant devant le marchand de fruits en demandant si cela ne le dérangeait pas qu’elle goûte sa pêche, qu’elle suce son fruit, et ce avec un sourire… le commerçant se payait avec un regard prolongé et appuyé sur ses deux seins lourds et fermes qui s’ils n’avaient appartenu à Clémence, auraient pu se présenter formellement à côté de deux beaux melons. Sur le chemin du retour elle croisa un homme et encore un homme puis un autre qui lui ne se retourna pas sur elle ni ne la regarda. Elle le sentit et entreprit instinctivement une mise en scène pour qu’il s’occupa d’elle afin qu’elle s’occupe de lui… Elle cria, lui se retourna sur se cri, elle était à terre et se tenait la cheville, il se dirigea vers elle afin de lui porter secours… Il ne pouvait pas ne pas voir le sexe de Clémence qui s’offrait à son regard, elle était assise à terre, jambes écartées, geignant d’une douleur feinte, cependant en se précipitant à terre elle avait réussi à se blesser sur un des cailloux du chemin plus coupant que les autres, donc elle saignait d’une douleur geinte. Il ne dit mot, sortit un mouchoir en papier pour essuyer le sang coulant. Clémence avait encore plus relevé sa robe son ventre était pour ainsi dire nu, il eut la délicatesse de le recouvrir, elle eut l’indélicatesse de présenter son pied au contact du bas-ventre de cet homme. Il n’en sourit pas, resta dans un silence absent qui énerva Clémence, il l’aida à se relever. Elle le prit par la main et l’entraîna derrière les arbres du bord du chemin. Cette indifférence à son égard l’excitait autant que cela aurait pu la rendre violente, il était hors de question qu’un homme résista à ses charmes associés à son charme. Elle déboutonna son pantalon qui tomba sur ses tennis rouges, Clémence engloutit son sexe dans sa bouche, elle ne le lâcha pas, il ne bougea pas, ne la toucha pas, il se contenta de jouir violemment sur le visage de Clémence qui souriait. Son silence, maintenant constant, raccompagna la fermeture de sa braguette… il déposa un baiser sur le front de Clémence qui avait encore le visage maculé, il partit, reprenant son chemin là où il l’avait quitté et retourna vers le village d’un pas marqué. Clémence se masturba adroitement le dos appuyé à un arbre, elle saignait toujours de sa blessure.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 11
Cette femme avait moins de quarante ans. Elle apparut dans la vie de Clémence comme un amour dans une histoire d’amour… Au coin d’une rue un matin de jour de marché. C’était une grande brune, habillée de noir, romancière de son état… une femme superbe, certaine, apaisée mais d’une violence rare à l’encontre de qui ne savait pas lui plaire. Elle n’aimait personne, était toujours dans l’observation de son entourage immédiat, en quête d’un ou d’une autre qui viendrait se coucher lourdement dans son prochain livre ou sa prochaine nouvelle. Elle tomba sur Clémence au coin d’une rue, entre l’étal d’un vendeur de melons et une jeune femme tatouée qui vendait des robes maladroitement fabriquée en Asie du sud-ouest exceptionnellement…Leurs deux poitrines se heurtèrent avant que leurs deux visages se frôlent. L’une était aussi brune que l’autre était ce jour là rousse ou presque, elles étaient de même taille, Clémence avait plus de poitrine que cette femme dont je ne connaîtrai jamais le nom, mais elles avaient la même cambrure pour un type de cul aussi provocant l’un que l’autre. La femme était habillée d’une robe noire, je ne la verrai toujours qu’habillée en noir, une robe sans manche, de grande marque, certainement signé par un grand nom de la couture ou cousu par un petit tailleur qui connaissait parfaitement son corps, l’angle exact qui permettait à ses reins de laisser arrondir ses fesses sous cette robe noire d’une banalité déconcertante, bref le corps embellissait cette robe encore plus que nécessaire… Clémence portait une robe verte, nue dessous, je l’avais vue s’habiller dans sa petite tente bleue qu’elle avait laissé ouverte… il est vrai qu’il faisait chaud. Clémence venait de l’est et le soleil qui éclairait dans son dos passait à travers le fin coton de sa robe, on lisait plus qu’on ne devinait les courbes précises et fermes de son corps, l’un des rayons qui avait eu la délicatesse de se refléter sur le miroir d’un marchand passait exactement à la parallèle de son entrejambe, éclairant en quelque sorte de l’intérieur le plus fin de son sexe. Donc elle était nue. La femme la dévisagea, leurs deux poitrines collées l’une à l’autre, Clémence ne bougea pas, elle profitait de la chaleur du soleil dans son dos. La femme leva sa main gauche qu’elle posa sur la poitrine de Clémence en la repoussant légèrement pour se détacher d’elle. Clémence la laissa faire…Un léger vent souffla, la jupe de Clémence se souleva, je pris une photo de ces deux femmes, une photo verte, noire et lumineuse.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 9
Clémence était née dans une petite ville du centre de la France, insignifiante ville de moins de deux mille habitants. Ses parents, ouvriers dans une usine de pneumatiques pour vélos et autres véhicules à système de sustentation propulsorotatif, ne l’avaient pas particulièrement pas éduquée pour être une femme finale… Ils ne l’avaient pas éduquée, juste élevée, nourrie, lavée, comme il se doit quand on a un enfant… ils l’avaient certainement aimée, mais sans plus, elle faisait partie de leur contrat de mariage. Donc on ne pouvait dire qu’elle avait baigné dans un flot d’amour filial ou de volonté parentale de la voir évoluer vers une autre condition que la leur. L’école avait contribué pour une bonne part à la mise en place de sa structure intellectuelle… mais l’école ne l’intéressait pas. Elle ne s’opposait pas, ne disait jamais non ni oui , mais elle sentait qu’elle pouvait arriver à ses fins et enfins simplement en agissant sans lutter contre le courant qui la portait elle et ses congénères. C’est cette transparence relative et sa capacité à pressentir le futur immédiat qui permit à Clémence d’arriver à l’adolescence avec une certaine fraîcheur, loin de toute angoisse existentielle. Le jour où elle sentit le premier regard d’un homme sur son corps , elle sut que le monde était simple pour qui savait le lire. Elle passa du corps d’adolescente au corps de femme calmement, en s’épanouissant lentement. Son esprit et sa manière d’agir étaient les mêmes depuis le jour de sa naissance…
petite histoire pornocratique de la belle Clémence 3
Outre un corps parfait, et même s’il ne l’était pas forcément aux yeux de tous, il possédait en excès de cette force sexuelle et sensuelle qui s’imposait au-delà de toute considération rationnelle et canonique, elle avait également un caractère d’une grande spécificité. Elle n’hésitait jamais… d’aucuns eurent pensé que ces actes étaient mûrement réfléchis au regard de la fermeté et l’opiniâtreté avec laquelle elle entreprenait, avançait, agissait, s’imposait, osait, touchait… disait. Et bien non, elle ne réfléchissait pas , cela faisait partie de cette force sensuelle, elle avait en elle une ressource infinie, directement reliée à la certitude que lui donnait ses formes, son odeur corporelle, sa bouche dont tous les hommes pensaient qu’elle était certainement une des portes du paradis terrestre… mais quand elle l’ouvrait, c’était souvent pour les empêcher de parler plus en avant… elle les tenait en bouche, comme d’autres, avec de puissants bras musculeux soulevaient hors du sol de lourdes charges, elle, d’un sourire, d’une parole riche en labiales ou en sifflantes faisait taire les mâles tout aussi puissants ou investis du pouvoir que l’humanité s’était donnée le droit de donner à ses congénères… Clémence était capable, d’un simple glissement de lèvre ou de langue sur la partie la plus sensible que l’humain puisse posséder, de faire taire, avouer, penser « a contrario »,douter….Elle en usait sans jamais en abuser, elle en abusait souvent jusqu’à l’usure. Sa force de caractère était alliée à l’infime précision de sa sensibilité physique… Jamais je ne lui aurais confié ma bite plus de trente secondes.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 2
Certes ils bandaient, mais baissaient les yeux… Très peu osaient croiser son regard, le regard de son oeil, l’autre était borgne… je sais pourquoi mais je ne vous le raconte pas encore… Il faut pour le moment présent , celui de votre lecture participative, que vous imaginiez la splendeur de Clémence, l’impact d’une demoiselle d’Avignon, la provocation d’un déjeuner sur l’herbe, le cul d’une pin-up de bande dessinée, les seins de la mère nourricière et autour d’elle, une bande de larves à couilles blindées qui ne pensait qu’à s’immiscer en elle pour déposer leurs gènes malodorants et appauvris par tant de temps passé à baver.. ces chiens lubriques, qu’eurent-ils mérité ? Clémence, la plupart du temps, passait au milieu de ces êtres rampants et elle dominait, non qu’elle fut dominatrice, elle n’en avait pas le souffle intellectuel ni la perversité, elle ne se posait même pas la question de savoir quel était le rapport de force qui s’établissait dès le premier regard sur elle… elle savait qu’elle était là et que tous ceux qui la regarderaient, ces pauvres cons, ne seraient plus là pour longtemps… je le sais moi qui l’ai connue.
Petite histoire pornocratique de la belle Clémence 1
Aussi loin que je m’en souvienne, moi qui l’ait connue, Clémence était parfaite. Elle n’avait pas besoin de parler pour demander, pas besoin de remercier même après avoir demandé… Ceux et celles à qui elle demandait, tombaient sous son charme…tombaient au sens propre, morts parfois, éteints souvent, oubliés d’eux-même à chaque fois. Il est vrai que Clémence avait un corps… un de ces corps outrageusement féminin. La rondeur de ses hanches n’évoquait pas l’enfantement, mais la danse corps à corps, quelque chose entre Salsa d’un soir et amour chaud du matin, son cul était à lui seul une sculpture hémisphérée pour un errant à temps plein, voûte d’un ciel à deux étoiles, dont l’une s’apercevait à l’occasion d’un entrechat et l’autre se remarquait juste au coucher de la précédente. Quant à ses seins, ils explosaient lourdement à la surface d’un décolleté savamment mis en scène pour une seule représentation en un acte… Ceux qui la croisaient, bandaient.
Place aux cons 16
Je vais interméder, juste poser mon regard sur les femmes m’entourant… Il y en a peu qui sont seules, souvent accompagnées ou de leurs maris ou de leurs enfants, parfois des deux… C’est à leur sourire lointain, leurs regards qui se posent, au hasard, sur des êtres environnants qu’on reconnaît celles qui ne sont pas là,plus là. Elles sont dans un état autre, autrement, le corps en éveil, les sens en regard, le regard posé à l’intérieur… elles s’ennuient, d’un ennui distancier qui les sépare corporellement de ceux qui les entoure… être femme parfois prédispose à la solitude.
Maintenant, intéressons-nous à l’actualité de ce monde…
La Norvège et SON extrémiste religieux chrétien… la connerie a souvent besoin de dogmes, un seul suffit me direz-vous à corrompre tout une humanité pendant plusieurs siècles… un bras armé, un cerveau certainement très équilibré et certain de ce qu’il allait faire et une bonne idée de base…le monothéisme par exemple, il serait intéressant de savoir combien d’être humains sont morts au nom de celui-ci, à un milliard près depuis deux mille ans et ce, toutes religions confondues… Qu’on ne vienne pas me dire qu’il est normal de croire que c’est ancré dans notre esprit… oui comme un virus informatique sur un disque dur et nous sommes les propres acteurs de notre non formatage et vas-y qu’on les envoie au catéchisme, qu’on les baptise, qu’on les communie, qu’on leur fait croire au simplisme édenien à l’américaine, au manichéisme…Je ne m’en plains pas, bien au contraire, c’est ce genre d’idée humaine qui permet l’aération globale de l’humanité, la place par le vide… sinon je crois qu’on aurait du mal à se tenir assis sur la plage…
La chanson et la prise de médicaments, comme si cette mort avait plus d’importance que celle de madame Georgette Leroux dans sa quatre-vingt-dix-huitième année… on aime bien les martyrs, ceux qui meurent à notre place… merci les dépressifs… on vous oubliera rapidement; exceptés quelques clones qui n’ont jamais su qui ils étaient…
Rouler à l’envers sur l’autoroute… du déjà vu.
Mourir de faim en Somalie, ce n’est pas possible selon le gouvernement religieux en place, donc c’est vrai…
Passons à la suite, Tour de France, plus propre cette année, beaucoup plus propre parce que plus lent… ah ça c’est bien, je suis pour un tour de France encore plus propre: « immobile sur son vélo le champion Yaouf babouin, ne monta pas le col du patchoun, il resta les yeux ouverts face à la route… il allait s’endormir entouré de ses supporters qui ronflaient depuis longtemps sur le bord du doute. »Les cons sont là où ils méritent d’être, cela évite de les chercher trop longtemps.
Les championnats du monde de natation en Chine… ils n’auraient jamais du mettre un pont passant au-dessus de la piscine, cela a fait dérailler le train… nager entre deux murs si ça ce n’est pas de la connerie… moi j’ai quitté l’eau il y a 460 millions d’années, je n’y suis pas près d’y retourner.
DSK… éjacudélateur précoce…, Ferry et son ministre pédophile au Maroc… pourquoi le Maroc ?
Quant à moi, je me sens agréablement entouré, de parfums, de corps angéliques, de bourrelets rubensoïdes, de regards glauques et incertains,de crânes rasés et tatoués, de sémantiques simiesques, de faciès porcins, d’enfants au nombre de chromosomes incertains… il n’y a pas d’extrémiste religieux, pas de train à grande vitesse, pas d’autoroute à contre-sens, pas de médicaments enchantés, que du temps à perdre, pas de monde à sauver, Je suis l’être le plus transparent qui soit… je suis Dieu en quelque sorte donc j’existe, je sais lire, écrire, parler, imaginer, je sens le parfum de la femme d’à côté… le paradis… le reste, les autres… je m’en fous… merci les cons.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cynisme
Autobiographie d’un autre: 10
Le premier contact fut, pour lui, tout aussi surprenant que déplaisant. Il était habitué à une certaine froideur des objets inanimés et toutes les sensations de contact physique qu’il avait pu avoir auparavant n’avait toujours été que des instants de peurs et d’angoisses… La chaleur qu’il sentait, l’élasticité de la peau, et quand bien même si avant ce moment ces deux repères avaient été des synonymes de fuites et de dérobades de la part des autres,et bien là cela le rassurait désormais.Il laissa sa main posée sur cet autre enfant et entreprit un voyage en profondeur dans la chaleur de sa peau. Ce n’était pas l’odeur de l’autre , ce n’était pas l’éventuelle appétence que pouvait procurer son jeune et beau visage… c’était en premier lieu, la sensation d’une chaleur corporelle différente de la sienne. La différence thermique qui existait entre leurs deux êtres suffisait à lui donner la certitude d’une autre réalité, presque semblable à la sienne…. pendant que l’autre enfant le griffait, il laissa sa main posée sur son ventre à contempler de sa paume son étonnante chaleur existante .
Autobiographie d’un autre: 8
Maman, maman… puis il se tut. Elle s’en approcha lentement; comme si elle n’avait jamais vu d’être aussi différent, aussi loin de la perfection qu’il était proche de la ressemblance à tout autre existant… Elle le regarda mais n’en sourit pas pour autant, elle ne savait que dire. Était-il un enfant ? était-il encore un enfant…. elle se pencha sur lui, déjà, il ne la regardait plus, il ne la savait plus. Son mot dit n’avait pas été empreint de sens , juste de la saveur qu’il y a à le prononcer. Cela faisait bien deux minutes qu’elle l’observait, elle ne l’avait pas encore touché. Elle le prit à bout de bras… leurs yeux regardants se croisèrent… Elle continua à se taire, il continua à être ailleurs, peut être à l’intérieur de la couleur de ses yeux… Le temps lui parut infini. Cette petite chose l’avait appelé maman. Elle n’avait pas d’enfant, croyait ne pas pouvoir en avoir et avait compris qu’elle n’en désirait pas. En échange de cette volonté de ne pas participer à la surpopulation de la planète, elle avait le choix de travailler dans un orphelinat, centre de tri, de vente et de location d’enfants sages et moins sages… mais lui, il avait dit ce qu’elle ne voulait pas entendre…. Elle le laissa retomber à terre lourdement, repartit vers d’autres occupations. Il regarda de son sol, la forme des talons aiguilles de cette femme qui s’éloignait en souriant…. « il y a des choses impensables » dit-elle entre ses lèvres…. Il répéta maman pour la seconde fois, plus fortement que la première. elle l’entendit mais ne se retourna pas…
Autobiographie d’un autre: 7
Un jour, alors que rien ne pouvait laisser croire que lui, l’autre, allait être différent de ce qu’il avait déjà été… Il se leva…. Il n’avait jamais marché depuis qu’il était entreposé dans les couloirs et pièces de cet orphelinat. Il fit quelques pas vers… vers le centre de la pièce où circulaient le personnel, les enfants en attente de don ou location ou adoption. Arrivé en ce centre, qu’il fit sien, il s’assit à nouveau , leva les bras au ciel pour attraper les poussières lumineuses qui occupaient l’espace ensoleillé puis ne bougea plus, les yeux ouverts comme il avait toujours fait. Lui qui n’avait jamais que rampé, lui qui n’était que l’ombre d’une présence, lui que l’on déplaçait comme on bouge une table, un sac… lui parla… si fortement qu’une personne, une femme remarqua sa présence, une femme qui s’entendit nommée « maman ».
Autobiographie d’un autre: 6
N’ayant pas acquis le langage , il n’aurait su exprimer la profondeur des instants passés au sein de la couleur rouge du cuir du fauteuil qui, poussièreusement trônait dans l’entrée de l’orphelinat… mais il y avait été de longues heures durant, restant atterré par les subtilités lumineuses du rouge, plus proche du vermillon cochenillard, voir métallique que du carmin pourpré qu’il avait eu l’occasion de visiter lors du passage de ces hommes dit d’église. Son voyage dans le rouge lui avait éteint les yeux pour quelques temps,les heures suivantes le pendant peut-être… il n’était qu’un enfant ou l’image d’un enfant puisqu’aucun adulte n’eût loisir à considérer son état vivant comme l’émanation de l’état d’enfance… Il l’était l’autre, simplement là et personne n’aurait osé ni désiré le nommer autrement que l’autre… Conçu de la même manière que tout être humain, par simple relâchement hormonal (faisons fi de l’amour qui n’est qu’une excuse à notre multitude perturbante et perturbée), oublié, abandonné, égaré, rejeté, lâché… il vivait au même titre que tous les autres mais était le seul à ne pas appartenir à l’espèce humaine… malgré son jeune âge, il avait conscience de la précision avec laquelle il mémorisait ce monde qui l’entourait, l’existence de celui-ci prenait, petit à petit, vie dans le regard parfois noyé des larmes occasionnées par ce qu’il avait vu. L’autre construisait l’âme du monde dans lequel vivaient tous les humains qui, dans cet orphelinat poisseux, lointain, zoomythifère, existaient… aucun d’entre eux n’avait encore pris conscience qu’ils étaient, jusque dans l’émanation physique et endocrinologique de leurs existences basiques, l’ersatz vital de ce que lui, l’autre, ne pouvait être. Il allait leur signifier.
Autobiographie d’un autre: 5
Il choisit de se déplacer, rampant, glissant, tel un ver… l’usage des jambes ne se faisant que si la stimulation est proportionnelle à l’envie d’aller, on ne se déplace que si l’on va… il ne voulait pas aller, il se contentait de petits déplacements d’un point de vue à un autre…il s’orientait pour voir autrement, s’accaparant les détails d’un espace commun. Il posait sa tête pour regarder, de longs moments, parfois des heures avérées. Il prenait ainsi possession des écailles de peintures d’un mur ancien, le considérant comme un ciel ou un autre espace physique. Il investissait les veines du bois des pieds d’une table, s’y déplaçant de ses yeux comme sur les eaux d’une rivière, il rencontrait des odeurs au coin des bras des femmes qui attendaient … Il se battait avec des corps animaux, des silences hors la vie. Tout cela sans jamais fermer ses paupières… Il était l’autre mais cependant le seul qui, malgré son incapacité à bouger hors les murs de l’orphelinat, poussait sans qu’il eût su l’expliquer, le sens commun de la notion d’ailleurs à un mode de voyage spirituel…. il n’avait que quelques années tout au plus et avait déjà été si loin.
Autobiographie d’un autre: 4
Il voyait entre deux regards ce que ses yeux lui permettaient de voir…Il était souvent ailleurs, nous dirons perdu dans un de ces lieux ou endroits où on avait pu l’oublier, regardant autrement toute cette humanité grouillante mais cependant absente. N’ayant aucun point de repère affectif sur lequel poser la tendresse que ses yeux pouvaient exprimer, il s’arrêtait sur de simples détails: le gris d’un mur évoluant en fonction de la force de la lumière naissante, les verts infinis de la mousse sur la base d’un mur humide de la pluie de fin soirée… le vide grandissant entre deux objets fixes…. des choses et moments qui n’appartenaient qu’à lui et que je ne saurais vous décrire… comment décrire ce qu’un seul peut voir ? Quand il était ainsi concentré sur de fins instants solitaires et sincères, ceux qui le remarquaient, parfois, le déplaçaient afin qu’il ne gêna plus…vide, éloigné, il se retrouva ainsi face à des murs. Il choisit assez tard de se déplacer.
Autobiographie d’un autre:1
Il était un homme, de petite taille, à l’âge incertain, un peu plus que celui que vous lui auriez donné. Il vivait dans une de ces grandes bâtisses dont l’espace se partageait entre plusieurs êtres… Il ne connaissait personne de cet environnement proche, ne faisait rien pour en connaître. Il avait une certaine corpulence, que nous dirions épaisse, voir noueuse… cependant sa masse n’en imposait à personne, il ne connaissait personne et personne ne cherchait à le connaître. Son âge, sa vie, son goût inné, plus qu’acquis, pour une relative solitude l’avait conduit à plonger dans de longs et lents moments de réflexion méditative, lesquelles étaient pour lui un avant-goût de sa propre mort qu’il anticipait de longues années à l’avance… Il ne mourrait pas de suite , il fallait d’abord que son histoire soit écrite. Il vivait. Voilà, un jour il était né.