chroniques de la haine apaisée: 5


Angélina… je lis ! dit-il à sa compagne qui l’importunait par de subtiles caresses aphrodisiaques. Il était absorbé par la complexité de l’ouvrage, là d’où je vous écris, je ne pouvais en lire le titre. Elle tournait autour de lui, lui caressant la nuque de ses doigts insistants, laissant ses ongles courir sur une peau refermée, cependant ses ongles laissaient une trace rose, trace qui s’amplifiait le temps passant. Arrête…! je lis. Il répéta ces quelques  mots  à nouveau, mais Angélina avait commencé  à déboutonner les boutons qui maintenaient fermement sa poitrine sculpturale… elle ne portait pas de soutien-gorge et il n’y avait que deux petits boutons de plastique simili nacrés qui le séparait du bas-relief égyptien à une interprétation contemporaine d’un volume de Brancusi. Seul le galbe interne de son sein gauche s’épancha  dans son champ visuel de  lecteur dévorant. Arrête…! ! Elle s’assit devant lui , en remontant sa jupe jusqu’à l’hémisphère de ses hanches qui rendait impossible toute fuite  de cette jupe par le haut, de toutes façons elle eut rencontré ses seins avant sa bouche qu’elle avait ce jour recouvert d’un rouge  à lèvres des plus putassier qui  fut. Sa jupe retroussée s’arrêta au niveau du fond de sa culotte de mousseline chaire… On eut cru qu’elle était entièrement nue de sexe et de lèvres. Elle vint s’asseoir sur un des genoux sur lequel ne reposait pas le livre qu’il lisait. Ça suffit…!!! Il se releva fermement, elle en aurait chu si ses cuisses n’avaient été musclées et galbées, elle se tint droite, le jupe relevée, le sein nu, l’autre  à peine couvert. Il s’était précipité dans la cuisine avec son livre… Elle le suivit, non sans avoir auparavant quitté sa fine culotte. Quand elle y pénétra  , il était assis sur l’une des chaises de Formica jaune, épidermiquement concentré sur son ouvrage. Elle laissa tombé sa culotte sur les deux pages qu’il était en train de lire. Il la prit alors par les cheveux, lui fit faire  un demi-tour en appuyant violemment sur sa hanche gauche, la coucha face sur la table, s’empara d’un rouleau  à pâtisserie qui était rangé sur l’une des étagères au-dessus et la frappa de quatre coups sur la tête au rythme de la cinquième de Beethoven qui passait en fond musical sur l’une des radios  locales qu’ils écoutaientt auparavant. Elle glissa  à terre, la jupe relevée laissant apparaître un pubis glabre surmontant  un sexe aux lèvres symétriquement dessinées. Le sang, couleur du rouge de sa bouche désormais ouverte, coula, maculant le sol. Il reprit son livre.

_ »B et A, ça fait donc BA… »

chroniques de la haine apaisée: 4


Ce matin j’ai marché dans la rue. Pour l’occasion, j’avais revêtu mon blouson vert, celui qui appartenait à mon père, le blouson pas le vert… c’était  un blouson avec lequel il marchait dans la rue. Il croisait des gens, les gens ne le croyaient pas quand il leur disait qu’il les avait croisés… les gens ne croient jamais ceux qui croisent. Les gens souvent ne regardent pas ceux qui coupent leur chemin ou ceux qui les accompagnent sur les même files qu’eux, vous savez , ces grandes files fluctuantes qui s’étendent dans les rue des villes, ces files de gens qui se croisent, c’est incroyable qu’ils ne se heurtent pas plus souvent. Ce matin, j’ai marché dans la rue, en blouson vert , tout comme mon père. Je me suis mis à suivre pour éviter de croiser. J’ai suivi ce jeune homme au pas rapide mais mal rythmé, cette jeune fille à la jupe légère, le vent m’a fait don de la couleur de son sous-vêtement. J’ai suivi aussi cette grand-mère  pour laquelle un pas durait aussi long que trois des miens, pour elle j’ai durant quelques minutes respiré et vécu au ralenti. J’ai suivi ce chien au pas erratique, à la truffe questionnante, quelle odeur avais-je donc pour ce chien ? J’ai suivi cette autre femme dont la marche réglée par la hauteur de ses talons aiguilles lui conférait une allure animale, tout comme si une gazelle eut été vêtue d’un tailleur noir. Puis, je me suis arrêté, perdu d’avoir trop suivi… je suis reparti suivant d’autres personnes, suivant dans le sens inverse  à la marche qui m’avait perdu…. Je suis revenu vers le lieu du départ. Mais derrière moi, je sentais un rythme de pas qui perturbait ma concentration. J’ai ralenti, le rythme du pas s’est estompé, mais il était toujours présent… Je me suis arrêté de nouveau, il y eut le silence d’une ville. Je me retournai, un homme derrière moi visiblement me suivait. Je suis reparti, accompagné de celui qui derrière moi m’accompagnait;  je me suis lentement dirigé vers une ruelle sombre où là je me suis caché afin de l’étrangler, je déteste qu’on me suive. Dans le noir, derrière un porche, j’ai serré son cou aussi fort que je pus, il en est mort. Mais cet homme était suivi; je ne l’avais pas cru quand celui que j’étranglais me dit avant de mourir de faire attention  à celui qui le suivait… il m’a tué d’une balle dans le dos parce qu’il n’aimait pas le vert de mon blouson, je n’ai même pu croiser son regard.

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