Elle la regarda, et de nouveau la rangea au même endroit. Sa vingtième année approchait et elle commençait à saisir avec la plus grande finesse, l’impact qu’elle avait sur son entourage, pour preuve sa micro réussite sociale, qui certes ne lui apportait aucun satisfecit d’ordre matériel et personnel, si ce n’est certainement la compréhension intelligible de ce que sa féminité donnait à la lisibilité à moyen terme de sa vie. Elle installa trois autres jeunes femmes en lieu et place de sa personne qui s’acquittèrent avec la plus grande diligence et vélocité de la fabrication des cocktails. Clémence gérait, créait d’autres boissons sexuées… donnait l’impression d’attendre une suite à sa vie.
La femme en noir réapparut, toujours vêtue de cette même robe noire, qui j’ose espérer était un duplicata d’une nombreuse série que son tailleur avait conçue pour elle. Je ne sais comment elle avait trouvé Clémence, mais quand je la vis entrer dans le bar de nuit qui désormais s’appelait … »Clémence », elle donna l’impression de connaître les lieux, pour preuve elle se dirigea de suite vers l’une des nombreuses portes qui abritait le bureau de Clémence. Malheureusement pour moi, le micro que j’avais réussi à installer une nuit d’un dimanche de fermeture cessa de fonctionner au milieu de leur conversation. Je n’eus droit qu’à la moitié de leur dialogue. Elle se présenta à Clémence comme un écrivain qui l’avait croisée au coin d’une rue il y a presque deux années auparavant, qu’elle avait été marquée par sa beauté et qu’elle voulait écrire un livre sur sa vie. Clémence résuma le fait en quatre mots:
« Vous serez ma biographe…
_ En quelque sorte… peut-être un peu plus romancé que vous ne l’imaginez.
_ Vous n’aurez pas besoin d’ajouter du sens littéraire et romancé à ma vie, elle vous paraîtra suffisamment haletante pour que vous vous contentiez de simplement la raconter.
_ Mais d’abord il faut que je vous racon….. »
La micro tomba en panne à cet instant et la femme en noir sortit une trentaine de secondes plus tard. Je ne pense pas qu’elle ait pu lui dire quelque chose d’important, mais désormais, je surveillais aussi cette romancière…