Lourdement attablé et attaché à ma chaise plastique enmarronée, j’observe nonchalamment le lent passage défilant des acheteurs de vieux objets. C’est aujourd’hui le vide grenier…vie de grenier, vue de gros nez…Ils vont passer et repasser, ces cons endimanchés. Non , tu n’auras pas ma paire de godasses pour la modique somme de 1 noros…marchandeur de lacets, acheteur de cartons délabrés et de ressorts de matelas défoncés par de bonnes baises de jour de foire du temps où l’on sentait sous les bras et l’on puait entre les jambes. Toi le collecteur d’enveloppes léchées par des langues adolescentes, anaconda visqueux! Vous n’aurez rien de moi, je suis attaché à mon fauteuil de plastique enmarronée et je vous défie de m’en détacher…je donne mes roues de vélo, mes pneus séchés et usagés, mes vêtements sales , je donne ce que je n’ai pas , je donne ce que je sens, je sens ce que je donne, je donne, je donne aux nonnes, des pommes , ces connes… Je donne! vous comprenez, donner , donner….pour un euri, pour un heureux, un euro pour un heureux, cette jambe de bois qui ne marche pas, ce godemichet au fil dénudé, c’est mon temps que je vous donne…. , j’ai tant donné.