Moseph acte 12


Aux côtés de Jarie, Moseph apprenait et oubliait. Il apprenait à aimer cette terre qui jour après jour lui donnait ce qui le nourrissait, son blé, son pain, son fenouil, et pourquoi pas me direz-vous. Il oubliait qui il avait été, il oubliait l' »ab nihili » déformant de son visage qui lui retirait tout sens d’existence  plausible aux yeux du reste de ceux qui déjà  existaient de moins en moins. Exister pensait-il , mais ne le prononçait point. Il ne parlait toujours pas, mais , cérébralisait plus qu’il ne le fallait. Son silence était  à la hauteur de ses yeux quand  il réfléchissait….on savait qu’il y avait du sens  à cette existence. Jarie perdait son regard dans la force des yeux de Moseph, celui-ci bousculait sa vie pour sentir la vitalité des yeux de cette femme.Tout entre eux était question de silence et d’échanges visuels…. le temps était passé, elle était jeune femme, il était jeune homme. El Hoim arriva jusqu’à eux un matin, alors que Moseph était au champ et que Jarie peignait  un bateau, grand, isolé, sur une étendue d’eau gigantesque….Il prit la parole en ce sens:

_ »Toi l’homme , toi la femme… venez  à moi et écoutez…Copulez plus qu’il ne le faut, remplis lui le ventre de ta semence, écarte tes cuisses et accueille le tant qu’il le voudra…. »

Il ne put finir sa phrase, Moseph avait frappé  le sol de sa fourche avec laquelle il retournait sa terre depuis le matin, El Hoim , vieil homme parmi les hommes était silencieux, il reprit

_ » Il doit en être ainsi, car la fin ne saurait être….vous êtes les derniers. »

Il tendit à Moseph un parchemin sur lequel était inscrit des signes incompréhensibles.

_ » garde-le, bientôt tu comprendras. »

Il partit , d’un pas vif et alerte. Moseph se retourna vers Jarie , elle était  à terre sa jupe relevée:

_ »viens… »boutographies 2009 robillard laurent (15) [1280x768]

Se laisser aller à la chute


C’était un matin, un soir ou une nuit….un de ces moments où l’on peut se permettre une fin de vie. L’homme était au bord du fleuve, debout,  auscultant le vert sombre de l’eau de ses yeux couchés vers le noir. Il attendait, il attendait que son corps chut, droit, vers le fond ou plutôt il espérait que cela se fasse sans que sa volonté en décida. Rien ne se passa , il se retourna vers la voie ferrée où il aurait aimé finir ce qui avait commencé….C’était là qu’il avait croisé cette femme, c’était là qu’il lui avait parlé, c’était la qu’ils étaient partis au hasard dans un train et c’était  là au retour, plus tard,  qu’en se retournant, il ne l’avait plus vue. Elle avait disparu….la salope, la garce faite déesse, la salembreuse, la putana de merda de ombilica della terra….pire qu’une bléno, cette face de staphylocoque dorée lui avait volé son argent, ses papiers, ses documents classés secrets auprès du ministère de la défense mondiale. C’était une espionne moulienne, spécialisée dans le massage sexuel et lui, cet imbécile , il s’était laissé avoir, comme un bleu, pendant qu’il se faisait sucer  et plus si affinité, les quatre autres mains de la moulienne avait tout récupéré et désormais , ils avaient libre champ pour envahir la terre et……quand il tomba dans l’eau, le rêve entrepris s’estompa, le froid de l’eau lui colla un dernier frisson dans le dos, le bruit de la chute fut celui d’une pierre et comme une pierre , il ne remonta pas  à la surface…..Il mourut parce que la réalité n’était pas son rêve, il aurait aimé.La terre fut  envahie quelques jours plus tard….Elle fut rebaptisée en l’honneur des femmes mouliennes qui aimait le goût du blanc et les fines appellations.boutographies 2009 robillard laurent (16) [1280x768]

Moseph acte 11


Dans la rue des putains décaties  où la mère, cette femme, faisait autrefois office de ventre accueillant et de bouche gourmande, l’ombre de Garbiel  flottait, comme un spectre, il restait, les yeux ouverts, assis sur une marche de l’escalier de la dernière maison du bout de cette rue aux putains vieillissantes….d’ailleurs les hommes n’y passaient plus. Depuis que Garbiel avait eu son sexe coupé, comme un cep de vigne dont on ne veut plus que le raisin y pousse, les hommes avaient fui  le passage , les femmes avaient le ventre sec, les corps avachis, les seins tombants , les regards sans envie, les vagins, les lèvres des sexes se taisaient et leurs odeurs n’appelaient plus  l’évidence tendue des hommes en rut , tels des cerfs aux orées des bois, matutinaux et éructants. Tout y était vide , ventres et corps caverneux, têtes et regards , rues et ruts. Arriva un vieil homme, parlant fort, outrecuidant, carnavalesque, la bite en avant, de bois vert malgré son grand âge. Arriva cet homme , il cria , du centre de la rue:

_ » Vieilles putains aux ventres puants, chose  au membre chu, écoutez-moi! Je suis celui qui sais, celui qui dis, écoutez-moi! je viens ici pour toi Garbiel. Tu es celui qui me doit porter le message. Tu dois dire qui sera et que le Monde t’entende. Je suis El Hoim, j’apporte ce qui doit être , j’apporte ce qui sera. Le gardien veille sur eux. Toi la mère, tu as connu plus de plaisir que toutes les femmes de cette rue, tu veilleras sur eux, qu’ils jouissent! Toi Garbiel, vieille et grosse queue oubliée, c’est toi qui m’annoncera quand l’enfant viendra. Je vous ai apporté du vin buvez et prenez en tous, de la viande, mangez et grossissez, du pain pour que vos culs engraissent…. crevez s’il en faut….. Toi! Vieille catin! Viens que je te baise, car ainsi est la vie!  »

Ils ne le tuèrent point, ils le regardèrent s’agiter, ils l’entendirent jouir…ainsi fut-il sans ménagement ni futilité. El Hoim repartit, il laissa à terre un rouleau de papier sur lequel était écrit, cris et douleurs, temps et présent, couleurs et odeurs…… Garbiel souriait, il but un verre de vin et mangea un morceau de pain, la mère remontait sa culotte, heureuse certainement…stock-5 [1280x768]

Je suis penché au bord de l’intérieur…


Depuis quelques temps , je suis penché au bord de l’intérieur de mon être,  hêtre…J’y vois passer la durée chronométrée mais égarée, l’oubli sans infini…..Il faut reconnaître, à ma décharge que la position « au bord de l’intérieur » est des plus inconfortable, je n’y resterai pas toute ma vie, j’y suis par pur égocentrisme, quoique le bord de l’intérieur se situe un peu plus loin que le centre du milieu d’où  je suis parti autrefois. Je ne m’intéresse que très peu aux limites , elles sont surtout ici pour être franchies en toute franchise, ce n’est qu’un point de vue d’autant plus incertain que je suis un peu à  l’écart de ce qui se sait dans certains milieux…dont cet intérieur bordant et bordélique en ce qui me concerne.Donc, d’où  je suis, il ne m’est pas évident de voir qui je suis, tout plus qui je pense et ce que j’en pense….un peu perdu certainement. J’ai essayé de me pencher pour voir ce qu’il y avait au delà de mon bord, j’ai aperçu mon corps, retors, encore et en corps…je suis tombé.nov-15 [1280x768]

En hommage à mon père…..


Vague souvenir, lointain, image lente et grise revenant du passé où elle s’était réfugiée, j’ai en moi parfois le souvenir de mon père. Petit homme , solide , droit au ventre rond…. il habite de ses yeux bleus les moments nostalgiques de ma raison…Un père , mon père, un homme, maçon, fort, soulevant ses sacs de ciments, travaillant toujours de ses mains , crevassées quand l’hiver était là, recouvrant ses plaies de Camphrice, médicament dont j’ai gardé et le nom et l’odeur colorée. Mon père, sans jeunesse, de guerre… prisonnier, cinq ans durant….une vie d’homme dans le courage, le travail , sa famille, son jardin, sa casquette. J’ai parfois honte de ne pas avoir su mémoriser cette vie de prisonnier, ces cinq ans gâchés….il me les a racontés, mais je crois que je ne voulais pas écouter….Le jour où j’ai pris une truelle pour travailler, c’est à tes mains que j’ai pensé….le temps est passé, papa.nov-6 [1280x768]

Moseph acte 10


Adamah apprit tout  à Moseph. Il lui apprit comment tenir l’outil, comment goûter la terre pour savoir ce qu’elle produirait  après l’hiver, comment regarder le ciel pour deviner l’eau qui tomberait, comment attendre que le blé pousse, comment se contenter de ce qui avait poussé. Adamah veillait sur sa terre, elle,  et cet enfant au visage abimé. Moseph retenait sans que le gardien eut  à répéter , il retenait parce que cette terre était comme un sein auquel il s’accrochait, à la fois nourriture et chaleur. Jarie grandissait  et devenait de plus en plus belle, elle ressemblait certainement  à sa mère, Adamah l’exprimait par son silence et le regard qu’il posait parfois plus intensément sur sa fille. Il la savait différente, à la fois reflet de la femme qu’il avait aimée et autre par cette puissance créatrice qu’elle ne cessait de montrer . Elle générait sans cesse de nouvelles formes , de nouvelles couleurs, de nouvelles odeurs….Moseph, vieillissant, lentement, certainement, sincèrement, regardait  à regard perdu le corps de Jarie changer, se féminiser, se troubler des regards de  Moseph. Il savait quels étaient les changements… ses hanches dont la courbe s’étoffait, ses seins qui s’alourdissaient, son ventre dont l’odeur remontait bien au-delà des senteurs et  lenteurs de la terre odorante…il la savait devenir femme, femelle….ce sont ces hanches qu’il eût aimé tenir, les siennes…..pascl (35 sur 64) [1280x768] (2)

Mon beau royaume de laine et de suffisance


Je vis dans un royaume, le tsar y cause souvent à  la télé…débordant d’injures et de mépris, il dit moi sans émoi. Emulsionnant, bavant, grelottant, s’arcboutant, il dit pot de con…fit d’oie ou de ture. Je vis dans un royaume, sisisisisisissi, je vous le dis, un neuf sans château fort….un broyaume, comme un mélanome ou un cheval de troyes at home…..on savait ce qu’il y avait dedans mais on a préféré ne rien voir….on est que des pauv cons….sisisisisisi, je vous le dis et il le dit aussi. Je vis dans un royaume, la reine est jolie et l’arène n’est pas encore ouverte…on n’y rencontrera pas les lions ce soir.  Ce Tsar qu’on zigouille ailleurs , ici , il a fait des petits qui prendront sa place plus tard….sisisisisi je vous le dis!!!  La reine est jolie, le prince est confit, le Tsar est cosy….je vis dans un royaume….It was a pomme j’me taille a king and a couine qu’on entendait pas lorsqu’elle chantait, des had plein of gille dreun and a drone to si les pov con qui  crisaient parce que y s’avaient la trouille de la fin du monde…. Je vois , je vois….ds-31 [1024x768]

Sur ses pieds…


Urinant sur ses pieds, l’homme souriait. Il ne contrôlait plus se, lui. Il souriait de cette chaleur sur ses pieds nus, cette chaleur humide dont la sensation ouateuse remontait  jusqu’à ses genoux. Il referma le bouton de sa braguette, laissant sa chemise dépasser ou pendre selon…Il avait quitté ses chaussures en sortant de l’un des bars où il avait habitude de voyager dans le temps passé. Il ne prenait que du vin rouge,  jusqu’à l’écœurement, jusqu’au vomissement mais auparavant il rentrait chez lui et c’est pour cela qu’il quittait ses chaussures,rentrant dans un improbable logis. L’homme ne titubait plus, il glissait selon le relief ou la pente du sol, s’opposant à toute véélité d’ascension autre que celle des trottoirs.Il se pissait dessus… et alors qui t’autorisa  à rire ?  qui t’autorisa  à le maudire ? certes il ne se lavait plus , il se rasait mal, il sentait l’odeur d’un corps sans personne pour lui dire qu’il pue, il n’était plus un homme à l’extérieur, mais son intérieur était encore beau, souriant, aimant et aimé….personne ne savait qu’il souriait  à l’intérieur, personne ne lui parlait d’ailleurs, personne ou tout le monde ignorait tout de lui….il ne voyait plus les autres. Il y avait si longtemps qu’il était parti, qu’elle était morte, qu’il avait alors commencé à la suivre mais qu’il s’était arrêté en cours de route pour boire un coup au bar du coin. Ce soir  là , il alla plus loin et ne s’arrêta pas, il eut la force de continuer. On le retrouva le lendemain , étouffé par son vomi, il puait, il était sale, sur ses pieds son urine collait, mais dans ses yeux on pouvait voir la couleur et l’odeur du corps de cette femme qui l’avait aimé, qu’il avait aimé….Comme un parfum qui s’envolait.ds-2-2

Ils étaient là…sept, ils ne se sont pas comptés


Les chiens, les monstres  ils étaient là. Sept!  présents! adorateurs de déités vérolées, esclaves de femelles aux seins lourds et aux vulves béantes. Les hommes , les femmes qu’ils dévoraient, plus jamais nous ne les reverrons. Enfermons nos rêves au sein de nos sépultures….Vraiment trop lyrique cette manière de raconter comment à sept  ils sont venus arrêter deux gamins de six et dix ans, pour un vélo….Où est la conscience, le libre arbitre, le choix….sept nains, sept jours, sept samouraïs, sept salopards, sept doigts si trois ont été coupés, septentrional, scepticisme, sept….parlons du vélo, l’objet à la manière de Ponge: Roulant sur deux roues sans pour autant m’emmener, l’objet cyclique, enchaîné, conduit en différent lieux, sept lieues, sceptre, sépulture, serpent , ça pend et puis tout cela dépend du risque. Six ans , loin de l’âge de raison, danger, irraison et fort risque d’explosion, dix ans, parfois enfant soldat, AK 47 encore sept….sept hommes fiers et droits affrontèrent ce soir là, l’hydre aux sept têtes, bataillant ardemment le glaive  à la main, taillant et estoquant, il moururent au champ d’honneur, le guidon sauvé  à la main, sept hommes fiers et froids, qui si leurs yeux avaient été droits, auraient, ce soir là, oublié qu’ils étaient rois…..viens jouer aux billes on en a encore le droit.ss (13 of 21) [Résolution de l'écran]

Moseph acte 9


Garbiel le silencieux, Garbiel  l’inopérant , après avoir été son homme, était devenu sa chose silencieuse. Il ne disait mot, il ne fermait plus les yeux , il était  à  l’affût de tout acte qui eut pu amoindrir  la présence de cette femme , la mère de l’enfant Moseph. Elle n’utilisait plus son corps comme auparavant, elle était plus sèche, plus violente avec les hommes, ne vendait que  ce qui était demandé, et le plus vite possible. Elle ne prenait plus de plaisir et parfois transformait ce qui aurait pu l’être en larmes esseulées sur le  rond de ses joues. Ils n’existaient plus. ils attendaient son retour. D’autres femmes alentour, des mégères , des putains, des catins se plaisaient  à dire que si Garbiel restait c’était pour attendre le retour de l’enfant et l’égorger. Mais il n’en était pas question, Garbiel avait vu ce qui attendait cet enfant, qui d’ailleurs n’en serait bientôt plus un… le temps passait, tous deux vieillissaient, son cul ne suffisait plus à les nourrir, les autres alentour donnaient ce qui leur manquait, cette rue de foutre était comme un village. Personne n’avait souvenir de qui avait été l’enfant, comment s’appelait-il ? Quel était le son de sa voix muette ? pourquoi n’était-il pas mort ? Pourquoi était-elle retournée sur ses pas ? Y avait-il longtemps qu’il s’était  enfui ?… ils auraient dit des années, quelques semaines tout au plus. Le temps comme le monde n’étaient plus à l’écoute du présent…uj (17 of 44)

Moseph acte 8


Adamah avait une fille, Jarie, de l’âge de Moseph, à peu près, éventuellement, cela n’a pas d’importance. Jarie était la vibration profonde et interne d’Adamah, sa femme était morte en la mettant au monde, il avait fait grandir cette petite, et ce malgré l’impression rustre que pouvait faire ressentir sa grande et lourde carcasse de mâle esseulé. Il avait tout  appris à  Jarie, elle possédait tous les arts dans lesquels l’humanité excellait, elle écrivait, peignait, dansait, chantait, jouait  de la harpe et d’autres qu’on ne sait nommer. On eut dit qu’elle n’eut été sur terre que pour satisfaire  à la longue histoire de la création artistique et ce, malgré son âge qui n’avait cependant pas d’importance. Jarie était de ces êtres capable, évidente, transcendante, émotionnelle, sensuelle, animale, brutale dans ses moments créatifs, extraordinaire de douceur dans ses instants de regardeuse, les yeux vers ses rêves. Autant Moseph était laid et droit dans ses rares actions, autant elle était radieuse et belle dans son agitation créatrice que l’on aurait pu dire vibratoire, elle vibrait  à l’unisson du monde , supportant ces instants lourds où tout s’accorde pour que chacun puisse pleurer  en regardant…. la perle et l’écrin, les différences, deux solitudes dans deux mondes différents. Le temps s’arrêta juste pour le moment pendant lequel ils se regardèrent, chacun put pénétrer dans le monde de l’autre….c’était la fin d’un début et le commencement d’une fin.Elle lui prit la main et l’entraîna jusqu’à l’étable où Moseph dormirait dorénavant… je ne sais plus son âge sans importance, Moseph non plus , Adamah n’avait pas d’âge , il gardait….expo-7

Et il écrivit…


Bouillonnant, il écrivit des mots et encore des mots , de ces mots orduriers et orthographiés en langue orale, il écrivit , écrasant le stylo, suçant l’encre noire de ses doigts. Il écrivit des je t’aime de fin d’orgasme, des je t’aime de bord de lit, des je t’aime de vingt-trois heures et de début d’après-midi. il écrivit en silence autorisant le droit d’hésiter aux femmes qui voulaient le quitter. Il écrivit des histoires heureuses sans fin, des fins sans histoire, des vies de con qu’il avait déjà  vécues , des vies de merde qu’il sentait plus fortes que jamais….il lut ce qu’il avait écrit, il lut de sa voix forte et nerveuse, des textes dont le sens n’avaient de sens que pour lui. Il lut l’histoire passée des instants amoureux, il lut  à en mourir, en silence , l’odeur des femmes reposant sur le temps de la journée. Il lut silencieusement ces phrases qui n’en finissaient plus.mmp (8 sur 34) [1600x1200]

Moseph acte 7


roch (45 sur 328)Garbiel  rentra quelques jours plus tard, sans sexe, sans désir… juste une envie de pleurer qu’il ne savait comment exprimer. Sa voix ne pouvait plus sortir de son larynx, ses yeux ne pouvaient plus suivre un cheminement lumineux, son corps ne lui répondait plus comme il l’avait fait autrefois, son sexe n’était plus là, prompt  à la réponse. Il pleura pour la première fois , ses larmes coulant sur son T shirt hospitalier pas si blanc qu’on l’eût cru. Garbiel était coi, interdit, stupéfait , ébahi, incompris certainement…. sa main chercha son absence de sexe. Il ne savait comment parler  à ces femmes qui l’entouraient, qui le regardaient, se moquaient de sa négativité, interrogeaient sa présence. Garbiel n’était plus un homme et encore moins une femme. Il attendit dans le couloir, là où l’enfant l’avait poignardé, coupé définitivement. Il était l’heure de se taire , jusqu’au fin fond de sa vie champêtre…Garbiel ne sut pas exactement  comment dire non à  cette femme.Il retourna ses yeux vers l’intérieur, lui qui n’était plus un être, il regarda ce qu’il n’avait jamais pu voir, le pourquoi de sa vie, le silence qui régnait entre ses jambes faisait écho au vide lumineux qui emplissait sa tête. Garbiel se taisait, restait au côté de cette femme , la mère. Il veillerait sur elle de l’intérieur désormais.

D’émotion mourir.


Là , maintenant, si je devais mourir, arrêter de vivre en respirant, arrêter de voir en salivant , arrêter de toucher en fermant les yeux, arrêter  pour de bon , pour de vrai , pour de fin…finir quoi, comme le point de ma ligne ! Si je pouvais choisir cette fin, comme une majuscule qu’on sculpte au début d’une phrase, comme un sourire qui m’enchaleure les yeux, le ventre et tout ce qui s’en essuie. Si je pouvais avoir ce choix d’homme sans éternité, cette douce violence qui succède au début… S’il m’était donné d’être cette fin qui pour une fois me serait comptée, s’il m’était offert d’offenser le cycle de la vie , le petit vélo de mon existence….. Putain de Dieux, la belle émotion que je choisirais… Elle serait superbe, langoureuse , chaloupante, désirée, perturbante à en zigzaguer, entre Cuba et le grand Nord, aphrodisiaque, vagale, étouffante, pétasse jusqu’au bout des ongles , vulgaire jusqu’au rouge de ses lèvres, moussante comme une bière un soir d’été, sainte Marie amère de , ou à merde à,  dieu…Mourir de cette émotion sans nom, sans forme…juste sentir ce qui la commence  et ne pas en voir la fin.jenny-28

L’est-ce bien ?


Au moment précis où ma langue toucha, mes lèvres embrassèrent, son goût m’inonda. ..je la remerciai d’avoir été là…elle se débattit intérieurement plus forte que jamais, jouir fut son dernier son….ma bouche pour lui dire ce qu’elle ne pouvait entendre qu’en silencieux secret. Comme une faim de ventre coulant en mon regard. Edd-57 [1280x768]t si je m’exprimais au sujet du prix du lait ?

La fellation est-elle douce ?


Je ne saurais répondre  à cette question sans vous avoir entendues, tendu. J’en aime la violence explosive, la dépendance subversive et la couleur de la lumière des yeux des femmes qui en usent ou abusent. J’ai souvenance d’un de ces moments, titubé, hébété, ahuri, fermé, interdit, convulsif, admiratif de mon impuissante puissance une fois absorbé. J’aime alors chanceler, lentement vers le sol, tel la petite cuiller de  Dali, le bruit de mon corps heurtant le sol me rappelant  à la réalité. Je chus pour avoir été aimé, à mon juste goût, à juste titre. J’aime me savoir bonbon, savoureux de la dégustation à la déglutition…en corps de femme, il n’est à mon sens pas d’autre exploit que glisser entre vos lèvres.d

Moseph acte 6


Il se retrouva, marchant toujours plus vite, hors la ville, son couteau au sang séché  à la main, fatigué, il s’endormit au pied d’un mur de ferme. Un chien , un autre,  le réveilla, aboyant, essayant de lécher le visage de l’enfant. Sans peur, il se releva, sans geste violent. Ce chien était plus miteux, sale, pouilleux que Moseph lui-même. Il n’avait aucune intention de le tuer, le chien n’avait aucune intention de le mordre malgré sa faim tenace. Moseph du haut de ses huit ans , se leva et marcha  sur la route, le chien le suivit. Tous deux pénétrèrent dans la ferme dont le mur avait servi d ‘oreiller  à l’enfant. Tout y était sale, le sol, les murs, les chiens attachés par de longues chaines, le fermier qui s’avançait vers eux, son ventre plus précisément. Il était gras le  ventre du fermier, le maillot qu’il portait tout autant. Il n’était pas rasé sous son menton, la taille de celui l’en empêchant. Il était énorme le fermier, puant, pétant tant que faire se peut. Il était sale le fermier, ses mots orduriers, son ventre flasque, son haleine comme une fosse  à purin , la couleur de sa crasse comme le sol de sa ferme. Il ne dit rien.  Moseph n’avait pas peur, son couteau dans le dos, il attendait, le fermier l’observait…en silence. Quand on observait le fermier autrement qu’en le regardant, il était couleur de sa terre , odeur de sa terre. Le glèbeux se nommait Adamah, gardien du lieu plus que  fermier, il veillait… Quand on observait l’homme originel, on discernait celui qui savait donner un sens au mot terre, on comprenait celui qui connaissait le goût de sa terre. Le glèbeux était sa terre , il en avait la bienveillance nourricière, la douceur procréatrice, l’onctuosité spermatique. Il était un Golem en marcel, un géant dont l’apparente violence laissait place à une quiétude extatique profonde et sereine. Moseph  le sut , Moseph le vit. Il se dirigea vers lui, lui prit la main, Adamah lui dit: « tu travailleras selon tes forces sur mes terres, tu te nourriras de ce qu’elles te donneront , tu dormiras parmi nous, ton chien aura sa place auprès des miens ». ce furent les seules et uniques paroles que Moseph entendit sortir de la bouche d’Adamah. Il laissa tomber son couteau et suivit l’homme vers une étable où ils pourraient dormir.ppp (39 sur 51) [1280x768]

La fosse à purin


Je possède une fosse à purin, une botte de gris meunier pour m’y promener.  J’y enfouis, jette, rejette depuis quelques 10 puissance -43 secondes après le big bang mes plus noires idées, lentement elles s’écoulent et pénètrent le sol. Mes idées,  là au gré du sol si dominé,fadaises si je n’y mets qu’un bémol, finissent par germer. De nouvelles idées plus claires, plus pures qu’attentatoires, naissent de mon esprit fécond. Mon esprit fait  le con parfois, puisque de nouvelles idées erratiques, amboliques, métaboliques mais non symboliques,   plus noires et notoires apparaissent au fond de cette fausse et pure intention que de vouloir de nouvelles idées. Mes anciennes idées putes et ratées, fermes et  jeunes s’il en fut, réapparaissent plus noires et cambrées. Je remplis à nouveau ma fosse, purpurine,  érotique de mes idées pures et incantatoires. Elles ne sont que des idées….ma main tremble de vouloir agir… m’enfonce au plus pur de ses reins….J’emmerde mon prochain, sa fosse et son coup de reins. Amen….j’arrête de penser.car esa-30

Moseph acte 5


Il n’en mourut pas, le couteau glissa, coupa…l’autre n’était plus un homme. Garbiel hurla de douleur, se précipita dans la rue, s’écroula  à terre , une mare de sang maculant son pantalon, dont la braguette , pour une fois n’avait pas été fermée. La mère de Moseph, le suivait , hurlant plus fort que lui. Ce n’est qu’une fois qu’il fut conduit  à l’hôpital, que la mère , cette femme, pris conscience du rôle actif qu’avait pris Moseph  à l’émasculation de son homme. Elle se dirigea vers lui avec l’intention de l’étrangler , mais Moseph n’avait pas lâché son couteau. Il le tenait fermement , sachant très bien que tant qu’il ne serait pas parti, ce couteau serait le garant de sa survie. Il était recouvert du sang d’un chien, d’une homme et de divers poils collés. Sa mère décida de le tuer quand il tomberait de fatigue , mais elle l’ignorait que son fils ne  dormait depuis bien longtemps. Il luttait depuis sa naissance contre toutes les peurs qu’un être humain eût pu rencontrer dans une vie…à commencer, à commencer par celle de vivre. Chaque matin, au commencement d’une lumière nouvelle, plus souvent grise que radieuse, Moseph se demandait pourquoi , il était là , comment ferait-il pour finir sa journée ? Comment arriverait-il à calmer sa faim ? Devrait-il encore partager le viande que le boucher jetait  à son chien ? Aurait-il encore peur de ces hommes qui montaient avec sa mère, des attouchements de certains de la violence douloureuse d’autres ? Aurait-il encore froid ? mal ? aurait-il encore le besoin d’imaginer un nouveau moyen de survivre ? Sa vie était comme une guerre calme, une guerre contre une solitude bruyante, entouré d’hommes et de femmes qui ne le voyaient, ne lui parlaient pas, l’utilisaient…. Pour survivre , il ne dormait plus, en contact permanent avec cette réalité. Il comprit que cette femme , la mère voulait le tuer, pas comme le chien, pas comme l’autre…autrement. Il attendit que l’alcool fit son effet, sortit, descendit dans la rue, et pour une fois alla jusqu’au bout de celle-ci, cent mètres ou un peu plus…Il partit, peut être huit ans, son couteau  à la main.robillard laurent (19) [1280x768]

j’ai eu peur de mon silence…


J’ai eu peur, ce soir, de mon silence, je ne m’en étais pas averti. Ma bouche n’a pu s’ouvrir, mais elle n’était pas fermée… J’ai regardé l’heure, c’était le moment glauque: celui des ombres passées, des instants oubliés, des corps perdus….des « encore » sans lendemain. Passe le temps, je te vois, je te sens près de mon dos, me caressant. Putain de silence, silence de putain…ne plus rien avoir à dire, se regarder se taire…la vie s’apaise, les moment deviennent le temps et on attend. On attend que tout se reproduise , comme autrefois, on veut le même temps en mieux, sans les désespoirs du corps le soir au fond des bois…une vie se rate aussi vite qu’on croit la réussir…J’attends , sans impatience, ce moment certain avec lendemain soyeux et généreux, mon café  à la main.stock-8 [1280x768]

Moseph acte 4


Quand ce chien se fut vidé de son sang, que sa vie quitta ses yeux, que ses yeux arrêtèrent de bouger, qu’il n’y eut plus aucun mouvement propre à ce qui est vie… Moseph sourit lentement, muscle après muscle, comme un papier que l’on défroisse, sourire lui était douloureux, son anamorphose ne lui autorisait pas le sourire , juste le silence et la fixité du regard. Il sourit parce qu’il savait ce qu’il allait faire, là, plus tard. Sa mère dormait souvent le jour, l’alcool: antalgique , anesthésiant, antidépresseur, ne lui laissait que de très rares instants de lucidité, elle avait donc une image de la vie qui passait par sa rue, qu’elle arpentait chaotiquement, son sexe, qu’elle utilisait plus que sa bouche pour communiquer avec les hommes. elle ne leur parlait plus au sens communicatif du terme, elle donnait ses tarifs, puis un premier silence de réflexion pour l’homme, signe de tête et direction la porte de l’hôtel, elle passait devant, l’homme derrière appréciait le chaloupage du cul à hauteur de ses yeux. Une fois dans la chambre, elle ne parlait toujours pas, elle sexait ou bouchait, sans mot, méticuleusement rythmée, elle arrivait d’une manière ou d’une autre  à faire jouir un homme dans le plus grand silence, quand il lui plaisait , elle en prenait un peu pour elle, c’était alors le deuxième long silence post coïtal. Une fois l’escalier descendu, ils se retrouvaient dans la rue et l’homme reprenait sa route là où il s’était arrêté. Le soir, c’était le tour de l’autre qui la prenait par derrière , selon l’orifice,  elle explosait de cris ou de gémissements  rauques, elle sortait de son silence, lui parlait avec des mots qui n’avaient pas plus de trois syllabes. Moseph assistait, assis à terre le dos contre le mur dans le couloir de la petite chambre. Garbiel se taisait, il la besognait, elle aimait… Quand il enjamba Moseph, comme à l’accoutumé, l’enfant lui planta le couteau du boucher encore recouvert du sang du chien entre les deux jambes , au-dessus de lui quand il passa.carcasses-7 [1280x768]

Des élans de conquistador


Des élans de conquistador pour embrasser les femmes comme un matador, ma cape rouge  à la main, ensanglantée des hymens  déchirés…me voilà donc au bout du couloir, trop dans le noir.

Des croupes  à pleines mains, brulantes sous mes baisers, mon sexe tendu vers l’évier…me voilà donc seul, trop près du sol.

Des jours perdus dans mes yeux abrutis, leur couleur ébahie….me voilà ivre, à déchirer ce livre.

Des instants passés, simplement enlacés…  peau saisie,poésie de merde, divers (20 of 101) me voilà donc.

Moseph acte 3


Moseph se mit  à haïr Garbiel… son odeur, sa présence, ne serait-ce que sa lubricité permanente et insatisfaite, tout cela poussait ce petit  garçon à haïr. Il commença par se haïr lui: son corps, son reflet dans la glace, son visage écrasé, la ressemblance avec sa mère, sa mère et puis il finit par Garbiel, non pas parce qu’il possédait sa mère, non, juste parce qu’il l’ignorait volontairement et totalement. Entre ses six et sept ans, Garbiel n’avait jamais posé son regard sur Moseph, on ne saurait dire s’il avait pris conscience que cet enfant était l’enfant de la femme qu’il baisait chaque soir, avant qu’elle n’aille travailler avec son cul et que l’alcool eut amoindri ses sens, sa capacité à dire non et le peu de lumière qu’il restait dans ses yeux. Garbiel une fois sa braguette remontée, enjambait Moseph, comme une valise posée, un obstacle…son pied parfois heurtait la jambe du petit…il ne s’arrêtait pas. Durant cette année passée, Moseph ne réussit jamais  à croiser avec son regard  cet autre, absent mais trop vivant. Et pourtant son regard, c’est ce qu’il avait de plus beau et vivant en lui, un regard qui brillait même dans le noir, un regard qui demandait, juste un mot, un geste comme une main tendue vers lui. Comme il ne pouvait pas parler il avait tout mis dans ses yeux, ses questions, ses envies , les réponses qu’il n’obtenait pas, ses larmes qu’il gardait, ses cris, ses morts, les orgasmes de sa mère, les yeux de sa mère quand. Il réussit  à voler un couteau au boucher, un pas trop grand, un dont le manche pouvait être enserré par sa main d’enfant de sept ans, peut  être. Il tua le chien, l’étripa plus précisément, le vida de toutes les caresses qu’il avait reçues plus exactement.divers (8 of 22)

La violence de ses yeux


Si l’on m’avait dit que je ne pourrais pas croiser son regard  un soir par hasard, si l’on m’avait  qu’elle me ferait tituber et de plaisir et de fin, si l’on m’avait dit que je finirais par me battre contre le sens de ma vie, si l’on m’avait dit que  le sens que je donne  au sens de ma vie se déroulait  à contre sens, si l’on mavait dit: »tais-toi », si l’on m’avait dit de lui dire , si l’on m’avait dit que vivre c’est refuser, si l’on m’avait dit: « je crois avoir compris », si j’avais pu dire….je n’aurais rien changé.tv (9 of 14)

Moseph acte 2


Un jour imprécis Moseph eut six ans….sa mère, plus que toute autre, était incapable de se souvenir du jour où son enfant était né: « A la fin de l’été », disait-elle. Moseph garda en mémoire ces mots et quand il fut adulte , il se choisit le 21 septembre comme date d’anniversaire. Il eut donc six ans, son visage marqué commençait à apeurer les autres enfants, les hommes de passage ne s’intéressaient plus à lui , il le repoussait plus souvent , sa mère s’en occupa de moins en moins. D’autant plus que quelques mois avant son éventuel sixième anniversaire , un homme nommé Garbiel s’était auto proclamé protecteur de sa mère, cette femme, celle-ci et pas une autre. Il est vrai que malgré son alcoolisme rédhibitoire, sa mère , cette femme, possédait des avantages qui n’appartiennent qu’aux femmes; une poitrine forte et ferme, une croupe qu’elle offrait parfois sans supplément, une bouche dont la gourmandise incontrôlable avait déjà fait le tour de la ville… Cette femme, sa mère, était connue pour ces qualités, ses qualités et ses quantités. Garbiel n’était pas le plus beau ni le plus fort, mais il lui arrivait d’être gentil, doux, prévenant, brutal, violent, pervers…..Elle s’en taisait, prenait un fort plaisir quand il la prenait. Elle n’aurait pas su dire pourquoi, mais elle savait comment, où, qui et avec quoi….Garbiel n’était donc qu’une ordure masculine qui prenait sans donner….son homme, ainsi en avait-il décidé; elle gagnait bien et ne bronchait jamais. Moseph assista donc plus souvent qu’à son tour à leurs accouplements sauvages, brutaux, souvent violents….mais il comprit vite ce que jouir voulait dire… Depuis Garbiel, elle ne lui caressait plus les cheveux comme elle le faisait encore au chien du boucher.stock-88 [1280x768]

Moseph acte 1


Moseph n’avait jamais vraiment été un enfant. Sa mère , dès qu’il sut marcher, utilisa ses pas pour attirer ses clients…Elle se prostituait depuis qu’elle avait quatorze ans. Moseph était donc le fruit de l’union d’un client qui passa puis revint sur ses pas et d’un verre d’alcool pour se réchauffer durant cette froide soirée d’hiver, elle ne sut vraiment jamais si cela était un 23  ou 24 décembre… Il naquit tant bien que mal et en garda une déformation du visage. Sa  mère l’avait oublié deux heures après l’accouchement, le long d’un mur… l’avait-elle oublié, perdu ou abandonné ? Toujours est-il  qu’elle était revenue sur ses pas, avait trébuché sur un caillou et son pied avait écrasé le visage de son enfant, l’enfant…Deux heures après sa naissance, Moseph avait le visage ressemblant à une peinture cubiste,  avait ainsi du mal  à pleurer et c’est pour cela que sa mère l’accepta… pour son silence. Dès qu’il sut marcher, elle  lui appris  à arpenter le trottoir de long en large; pendant qu’elle attendait sous son porche, qu’aucun n’eut osé lui prendre, Moseph marchait , alpaguant les clients potentiels en les tirant par la manche. Dès qu’un homme faisait signe de compassion  à l’égard du petit, elle se précipitait, faisait mine de retrouver sa progéniture égarée depuis quelques instants et essayait au plus vite de conclure la passe… Moseph , alors s’asseyait, sur la marche du porche où  sa mère attendait quelques instants auparavant. Il se souvint longtemps du bruit des talons maternels montant l’escalier de bois de cet hôtel  où ils vivaient tous deux. Lorsqu’elle redescendait, le bruit des talons n’était pas le même  et parfois, selon la somme ou le plaisir, il avait droit  à une caresse, comme celle qu’elle donnait au chien du boucher. Moseph se relevait et recommençait son déplacement  chaotique  sur les quelques mètres de trottoir que sa mère pouvait revendiquer. Il passa ainsi une partie de  cette période qu’on eût pu appeler enfance pour un autre. stock-40 [1280x768]

Sourires…


Se levant difficilement, ce matin attardé, trébuchant sur des verres, qui la veille n’étaient pas cassés, juste pleins, opaques pour certains,démesurément vides pour d’autres; il ouvrit sa fenêtre, sans fumer, sans regarder plus loin que l’horizon découpé par ses arbres. Éventuellement le soleil brillait, le bleu du ciel , surfait depuis longtemps, lui paraissait vert, aussi vert que certains des verres étaient vides…Il se dirigea vers sa douche, noire, aux carreaux de faïence blancs….L’eau froide ne le réveilla pas plus que si elle  avait été chaude, son corps engourdi par une cuite commencée vingt ans plus tôt ne répondait plus à  ces stimuli. Son corps, dont il n’aimait plus l’épaisseur flasque et démesurée, le pesait; le grain de peau s’oblitérant des années passées à  ne pas l’habiter  semblait être un de ces négatifs anciens dont la granulation argentique laissait cette impression  propre aux photos d’une époque passée, son corps s’opposait  à lui. Il ne le regardait plus  depuis longtemps, il n’écoutait plus son corps depuis longtemps… cependant il aimait parfois sourire, se laisser aller  à ce mouvement des lèvres et joues qu’il ne pouvait s’empêcher d’accompagner de quelques larmes….Au moment où il sentit son cœur lâcher prise, commencer  à ne plus pouvoir continuer de battre, ce petit pincement s’intensifiant en douleur profonde, Il sourit , pensant aux sourires d’un plaisir lointain….un verre vide reposait à  ses pieds, son cœur oubliant de battre….sans rire.ytr-3

je recherche 2…ceci est une annonce


Je recherche des femmes à regarder vivre…habillées, nues, pleurantes, aimantes, absentes, parlantes, exhibées, réservées, racontantes, présentes, voilées, aimantes, fortes, énormes, timides , apeurées, impudiques, de dos, se demandant pourquoi elles ont accepté, sachant pourquoi elles ont accepté.

Je veux les regarder pour les photographier, une heure durant, quelques instants, une nuit durant leur sommeil, une journée près d’un café, nues dans leur bain, habillées comme à la maison, habillées pour sortir, se déshabillant pour moi, se déshabillant pour aller se coucher, se rhabillant parce que j’arrive, ne sachant pas si elles oseront se déshabiller, ayant envie de se déshabiller….juste me regardant.stock-30 [1280x768]

Je veux les photographier pour comprendre, donner une présence à ce vide qui parfois m’entoure.

laissez-moi un message, une adresse, un numéro de téléphone…..je répondrai, j’expliquerai….

Laurent Robillard

De l’improbalité des mots.


ss (13 of 19)les mots dits conduisent toujours  à ce que nous devions vivre, c’est par eux que véhiculent aussi les silences. L’improbable s’y présente, ce qui ne devait pas être prend forme , parce que je n’ai pas compris la parole dite…. se taire, encore se taire , ne rien laisser paraître , s’engouffrer dans un silence pour qui d’aucuns diront qu’il est solennel. Le simple mot qui donne sens à tout, l’émotion vibratoire du son ….Se taire , toujours se taire; ne pas agir. Juste prononcer le mot fin

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