Il choisit de se déplacer, rampant, glissant, tel un ver… l’usage des jambes ne se faisant que si la stimulation est proportionnelle à l’envie d’aller, on ne se déplace que si l’on va… il ne voulait pas aller, il se contentait de petits déplacements d’un point de vue à un autre…il s’orientait pour voir autrement, s’accaparant les détails d’un espace commun. Il posait sa tête pour regarder, de longs moments, parfois des heures avérées. Il prenait ainsi possession des écailles de peintures d’un mur ancien, le considérant comme un ciel ou un autre espace physique. Il investissait les veines du bois des pieds d’une table, s’y déplaçant de ses yeux comme sur les eaux d’une rivière, il rencontrait des odeurs au coin des bras des femmes qui attendaient … Il se battait avec des corps animaux, des silences hors la vie. Tout cela sans jamais fermer ses paupières… Il était l’autre mais cependant le seul qui, malgré son incapacité à bouger hors les murs de l’orphelinat, poussait sans qu’il eût su l’expliquer, le sens commun de la notion d’ailleurs à un mode de voyage spirituel…. il n’avait que quelques années tout au plus et avait déjà été si loin.