N’ayant pas acquis le langage , il n’aurait su exprimer la profondeur des instants passés au sein de la couleur rouge du cuir du fauteuil qui, poussièreusement trônait dans l’entrée de l’orphelinat… mais il y avait été de longues heures durant, restant atterré par les subtilités lumineuses du rouge, plus proche du vermillon cochenillard, voir métallique que du carmin pourpré qu’il avait eu l’occasion de visiter lors du passage de ces hommes dit d’église. Son voyage dans le rouge lui avait éteint les yeux pour quelques temps,les heures suivantes le pendant peut-être… il n’était qu’un enfant ou l’image d’un enfant puisqu’aucun adulte n’eût loisir à considérer son état vivant comme l’émanation de l’état d’enfance… Il l’était l’autre, simplement là et personne n’aurait osé ni désiré le nommer autrement que l’autre… Conçu de la même manière que tout être humain, par simple relâchement hormonal (faisons fi de l’amour qui n’est qu’une excuse à notre multitude perturbante et perturbée), oublié, abandonné, égaré, rejeté, lâché… il vivait au même titre que tous les autres mais était le seul à ne pas appartenir à l’espèce humaine… malgré son jeune âge, il avait conscience de la précision avec laquelle il mémorisait ce monde qui l’entourait, l’existence de celui-ci prenait, petit à petit, vie dans le regard parfois noyé des larmes occasionnées par ce qu’il avait vu. L’autre construisait l’âme du monde dans lequel vivaient tous les humains qui, dans cet orphelinat poisseux, lointain, zoomythifère, existaient… aucun d’entre eux n’avait encore pris conscience qu’ils étaient, jusque dans l’émanation physique et endocrinologique de leurs existences basiques, l’ersatz vital de ce que lui, l’autre, ne pouvait être. Il allait leur signifier.