Place aux cons 13


Pendant que Guy chantait, quoique je n’entendisse rien, sa sono était horriblement mal réglée, j’observais les familles, les groupes et je pris conscience..Je pris conscience de l’ennui des gens. Ils étaient là attablés par groupes familiaux ou amicaux, ils n’écoutaient pas mais ne riaient pas pour autant, ils étaient silencieux mais de ce silence qui signifie que tous n’avaient plus rien à se dire… les filles ressemblaient aux mères, les seins un peu plus hauts et fermes mais le cul souvent aussi lourd. les fils marchaient comme leurs pères, les mains dans les poches d’un short trop laid, trop long, trop short…tous étaient rassemblés et aucun de ces groupes ne souriait, ne rigolait… Ils s’ennuyaient, la pluie lavait le peu d’enthousiaste qu’ils avaient eu durant la journée… épuisés d’une vie de labeur et de transports de plus en plus fréquents et longs, ils partaient en vacances pour s’ensoleiller… mais celui-ci n’était même pas au rendez-vous… alors ils ne savaient plus que dire ou que faire… ils s’ennuyaient lourdement et pesamment… C’était un moment lourd de connerie… C’était hier au soir et je me sentais même défaitiste, presque odieux, pauvres gens… facile d’être cynique.

   Et puis ce matin, alors que j’allais photographier comme d’autres vont pêcher, je me suis à nouveau retrouver face à  un poncif de la connerie. Asseyez-vous, je vous raconte. Quand je photographie, je peux avoir plusieurs types d’appareils photos: un Iphone, un petit numérique, un argentique pourri ou un gros machin très pro et inversement proportionnel à la taille de mon sexe comme diraient beaucoup de médisants, justement à ce sujet j’aimerais apporter une précision… la photo c’est avant tout une question d’imagination et de sensibilité, on fait d’excellentes photos avec de tous petits appareils et on fait d’excellents amants avec des bites moyennes… ce n’est pas de la technique, ce n’est pas du savoir faire, c’est une juste adéquation émotionnelle entre deux cerveaux, deux sexes et deux corps,le tout mélangé avec des mots, des sourires et puis un certain type de caractère… pour ceux qui croient que l’orgasme est un sport d’endurance… maintenant  revenons à mes cons du jour… J’étais donc sur une plage publique, vous savez le gros tas de sable au bord de la mer, je photographiais des tentes qui certes se louent quand il y a du soleil, mais ce n’était pas le cas, pas de soleil, pas de gens, juste une toile  à rayures blanches et bleues…. Arrivent deux types (mes deux cons) qui derechef se présentent comme deux policiers et me demandent ce que je fais là… silence de ma part… je suis photographe et je photographie les rayures, montrez-moi vos cartes s’il vous plaît ? ( deux policiers en short de plage et T shirt bariolés… me serai-je égaré jusqu’à Miami ?). Ils me répondent  que moi aussi je dois leur montrer ma carte. Je restitue sous forme de dialogue pour que cela soit plus lisible.

 » Je ne suis pas reporter de presse, je n’ai pas besoin de carte… Pourquoi voulez- vous savoir ce que je fais ? Je pense que vous n’êtes pas policier, généralement les policiers sont en uniforme… De toutes façons , je suis sur un lieu publique, je n’ai franchi aucune barrière ou signalisation au sol spécifiant que cette zone est interdite… (nous sommes en ville face à la seule et unique rue de Soulac sur mer, pour ceux qui connaissent, à dix mètres de la promenade.)

_Oui mais vous n’avez pas le droit de photographier, mon ami est le photographe officiel de la plage, il a une concession sur toutes les tentes.

_ Certes mais il n’est nullement mentionné à l’entrée de la plage de Soulac qu’il est interdit de photographier les tentes, donc je continue à photographier mes rayures.

_Est-ce que tu les vends tes photos ? »

Sentant que j’étais sur le territoire du photographe qui écumait la plage et qu’il sentait que j’étais un concurrent éventuel… je luis répondis que je les donnais.

_T’es pas un professionnel alors ?

_Si, mais je suis payé pour les donner… silence…

_À qui tu les donnes ?

_Au ministère de l’intérieur, je fais un archivage des plage de l’Atlantique, leur structuration, leur longueur, la montée des eaux… le nombre de touristes, vous voulez voir ma carte ?

_ Non, c’est pas la peine, on croyait que vous veniez lui piquer son gagne-pain.

_ Quand bien même, il n’est pas encore interdit de photographier une plage…

_Oui mais lui il a le droit à l’image » me dit-il en désignant son camarade…

Je ne cherchai pas à sur-argumenter, j’ai… j’ai déjà été contrôlé par des policiers à Paris, à Marseille, à Orléans… je me suis trouvé face à un autre gros con qui ne voulait pas que je photographie SA femme (une tache rouge, juste les pieds)…. et bien d’autres… mais je n’avais jamais eu celui qui avait le droit à l’image. À tous ceux et celles qui se sentent concernés, vérifiez ce soir en rentrant dans vos pénates, si vous avez le droit à l’image, si tel n’était pas le cas, détruisez toutes celles que vous possédez, oubliez-celles que vous souhaiteriez faire, fermez vos yeux… ne regardez-plus… Qu’on ne vienne pas me dire que c’est honteux ce que j’écris sur mes compatriotes… j’ai beau lutter, me dire que j’ai tort d’être aussi cynique… le temps passant, je me sens proche d’une réalité que peu comprennent… Moi, j’ai le droit dire… Vous voulez voir ma carte ?

PS: Je vous fais don de deux images, une interdite et une autorisée


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