Aujourd’hui j’ai douté… alors je me suis assis à la terrasse d’un café, j’y ai bu un café et j’ai regardé le défilé des gens dans la rue, pendant une heure à peu près… j’ai observé comment les corps se déplaçaient; parfois lourdement, maladroitement… Certains n’avaient aucune hésitation, ils évoluaient rapidement dans cet espace linéaire qu’est la rue… toujours plus droite, toujours plus contrôlable… les seuls instants de courbe étaient les élans déhanchées des femmes à fesses opulentes, je n’aimais pas ces grandes silhouettes anamorphosées par les obligations de notre époque… ces grandes filles aux cheveux longs longs, à la frange coupée droite, aux lunettes volées aux phares des voitures… elles ne sont que la même; même leurs fesses sont plates. Il y avait aussi celles dont les volutes évoluées et ascendantes ne pourraient se décrire et s’expliquer qu’en ayant eu connaissance du canon de Vitruve. Elles marchaient légèrement équimembrées à contre-temps par la sphère de leur cul et la rotondité de leurs seins… j’aime leur opulence toute relative mais sécurisante. Quant aux hommes, certains hommes… ils se grattaient les couilles une fois sur deux, les autres balançaient les bras en déblatérant des mots coordonnés par leur accent tonique plus que par la sémantique de la langue qu’ils eussent été sensés être à même de parler…Il n’y a pas besoin de les reconnaître, les savoir existant peut suffire à les ignorer. J’ai honte parfois de la fin de notre société, de sa pauvreté intellectuelle, de sa capacité à reconnaître la seule connerie de masse comme référence à l’acceptation d’une idée… plus il y a de cons qui sont d’accord plus l’idée est bonne. Donc ces hommes qui ne peuvent s’empêcher de se toucher les organes génitaux, de crainte qu’ils ne soient tombés entre deux contacts, ces hommes aux deux cent mots de vocabulaire, aux phrases coordonnées par des conjonctions sonores éructées… ces hommes qui parfois sont accompagnées de femmes charmantes, simples, souriantes… Comment une femme peut-elle se contenter de si peu, de si mauvais ? J’ai douté de la connerie féminine… j’en ai été convaincu au regard de certains couples… et si l’homme n’était qu’un animal de compagnie ? dans ce tram qui me ramenaient à mon domicile, je doutais encore… et puis elle elle est arrivée, titubante… droguée ou alcoolisée, ailleurs certainement et à temps plein, incapable de s’asseoir seule… je ne l’ai pas aidée, je l’ai juste regardée s’effondrer… froidement… Je doute encore.