Au septième jour du septième instant de la création du monde Eve sut ce qui devrait être. Elle, qui dans sa nudité des plus innocente, se promenait nue dans son jardin, maintenant cachait de sa main terreuse son sexe qu’elle avait ignoré jusqu’à cet instant. Elle se sentait troublée, instable aussi bien en son ventre que sur ses deux jambes… Elle savait qu’à l’instant où Adama rentrerait, vêtu de son son tablier de jardinier bleu et de son chapeau de paille fleuri, elle devrait lui présenter sa croupe… mais c’est elle qui le déciderait. Adama arrachait les carottes avec une certaine violence, son tablier bleu était sale.
Archives Mensuelles: août 2010
femme sixième
Une fois l’an elle saute dans les bras de son amant, entière, offerte, ouverte… même s’ils parlent peu, leurs caresses violentes, suffisent à leur donner le sens qu’ils attendent. C’est elle, femelle ignorée, chienne d’une nuit, ses cuisses écartées la protégeant d’une tendresse silencieuse, qui jouit la première bruyamment. Tendre salope qui prend à cet homme ses sens, son sexe….elle brave un interdit ancestral, celui pour lequel d’aucunes et tristes femmes voilées se seraient faites lapidées.. Une fois l’an elle jouit dans son corps, de son amant…. rien de plus naturel.
femme cinquième
Elle est debout nue, décharnée, sa poitrine, autrefois charnelle et sculpturale n’a plus qu’une vague présence que seule la lumière rasante sait à lui donner…. elle apparaît donc comme une ombre. Son ventre gonflé n’a plus de sexe, peut-être un trait de crayon qu’il est impossible d’effacer. Ses cuisses, autrefois si fermes, laissent à croire qu’elles sont à peine capables de maintenir ce pauvre corps debout, sans l’aide d’une canne. Ses yeux sont pourtant là, les mêmes depuis toujours. Ce regard qui toisaient les hommes à leur donner l’envie de soulever ses jupes pour qu’ils plongent leur nez à s’enivrer….fixe le ciel. En attente d’une mort prochaine, cette petite grand-mère prend un bain de soleil.
femme quatrième
Elle est là debout, face à moi, elle a beau détourné la tête, je sais qu’elle m’a regardé. J’aime quand les femmes font semblant de ne pas m’avoir vu. J’aime son immobilisme, j’aime son évidente sensibilité qu’elle cache derrière un mutisme timide… Je la comprends.
femme troisième
Cette jeune femme dans la rue qui s’active, en marchant… Elle est jolie, court vêtue, un décolleté qui découvre et le haut de sa poitrine et le soutien gorge qu’elle porte… Elle s’agite donc, elle téléphone de la main droite et reçoit sur un autre téléphone divers messages qu’elle lit pendant qu’elle téléphone. Elle parle fort, elle remue beaucoup, fait des allers-retours entre deux points fixes mais invisibles à mes yeux…. Elle s’emporte, reçoit encore un message puis un autre et encore un autre, surenchère de la communication, espace invisible qui relie toute une humanité…. le réseau fonctionne. Puis aussi brutalement qu’elle s’activait pour rester lier à ce flux opérationnel et immatériel, elle stoppe la communication, ne reçoit plus de message et s’immobilise. Elle reprend contact avec la réalité qui l’entoure en regardant de tous côtés à la recherche d’un impossible regard qui la reconnaîtrait… rien, toujours rien. Elle s’assoit sur un petit muret de pierres et attend….. une autre solitude.
femme deuxième
Aperçue du coin d’une rue cette femme assise à la terrasse d’un café. La lumière n’était pas violente et ce sont ses grandes lunettes de soleil qui ont attiré en premier lieu mon oeil… puis son port de tête, inclinée vers le bas, elle ne voulait pas regarder la rue passante. Je me suis assis à quelques mètres d’elles, à une table distante…silences coupés par le bruit des voitures.Elle est habillée de noir assez élégamment, absence de couleurs pour cette saison. Son corps puissant, moulé dans sa robe noire sans décolleté, est soulevé brutalement à quelques secondes d’intervalle, par de lourds spasmes respiratoires…. Elle pleure, seule, face à un verre d’alcool blanc….. une solitude.
femme première
Ce matin, tôt, trop tôt, j’aurais eu envie d’une femme aux cheveux platines, courts, extirpée d’un magazine froissé au pied de mon lit… Je l’aurais trouvée sur une page publicitaire incompréhensible, parfum ? jean ? chaussures ? Elle se serait assise à mes côtés, je lui aurai raconté…. Des clips aux sons et voix semblables défilent les uns par dessus les autres, leurs images sont inexistantes… le flux continu de ce son commercé entoure la planète… Elle l’aurait écouté, se serait levé pour éteindre l’intélé…. le moment du silence est cher payé. Je n’aurais rien eu à lui dire, on n’a jamais rien à dire à ceux qui vous côtoient, on partage les temps de silence, ce sont eux qui sont les plus dire à surmonter. Nous nous serions tus, nus… La présence de l’un justifiant l’absence de l’autre. Veux-tu de l’eau m’aurait-elle demandé. Parce que je lui aurais dit oui, elle se serait à nouveau levée…Une fois hors de ma vue, elle ne serait plus réapparue, certainement retombée dans les pages de son magazine… je l’ai dormie.
Où l’on sent la présence de l’humain… fin
De retour en mon centre…. fin de la vacance, fin du sud…je retombe devant ma télé, Arte, une école de femmes en Afganisthan….une école pour sourds et muets Palestiniens et Israéliens…. coexistence de deux religions. L’humain est partout, c’est bien là son problème, visiblement il n’a pas encore compris qu’il n’était qu’humain…avec l’aide de dieu dit ce gamin qui est sourd et qui devient progressivement aveugle…. Il n’a pas encore compris et ne comprendra jamais… saloperie d’humain.
Où l’on sent la présence de l’humain… 33
Il a plu…. dans ce haut lieu du beau temps éternel et du bronzage intemporel. J’ai pu regarder les gens sous une lumière grise, comme celle que l’on a ailleurs, parfois, une lumière de loin du fond des nuages,une lumière de foin avant l’orage, une lumière qui ne vous pousse pas à sourire, une lumière qui se contente de vous montrer les choses comme elles sont…. sans plus, sans moins. Les gens croisés dans la rue sur laquelle vous déployez vos jambes afin d’y organiser des pas, sont pareils… Ils placent leurs pieds les uns après les autres, leur peau bronzée qui avant accrochait érotiquement la lumière ne peut que laisser s’étendre le grisé de la clarté de l’avant pluie. Ils déploient maladroitement de vieux parapluies aux baleines tordues, aux pans déchirés… La pluie tombe. Leur peau se met à briller différemment, seules les vieilles femmes barbiesques qui croient encore qu’elles ont, du corps et la jeunesse et la plasticité érotique, celle la même qui donne aux mains le plaisir du tactile aphrodisiaque, seules ces femmes dont le marron épidermique sert de sous-couche à un surexpressif maquillage de vieille pute décatie mais cependant touchante, prennent la pluie avec la plus grande crainte. Elles sont si vieilles, leur peau si sèche que la moindre goutte risque d’hydrater leur derme exfolié. Elles gonfleraient alors comme de gros poissons-lunes et dans les rues on dirait d’elles qu’elles les grosses vieilles, celle que la pluie a transformées… Il a plu, je l’ai vu…
Où l’on sent la présence de l’humain… 32
J’ai bien vu aujourd’hui quelques personnes âgées faire un signe de croix en pénétrant dans une église… Peut-on leur en vouloir ? Très jeune on leur a dit qu’il fallait croire et faire ainsi… Cependant qu’en restera-t-il de ces moments à penser que c’est ailleurs qu’il faut trouver son salut… C’est cela qui est terrible, penser qu’il n’y a rien de possible sans passer par la croyance. Croire c’est imaginer, imaginer autrement autre chose, croire c’est estimer qu’il y a une et une seule vérité…Il n’y a de vrai que ce qui m’arrivera ce soir, si c’est une paire de fesses que j’ai sous mes doigts, elle sera vraie, si c’est un coup de pied au cul que je reçois, il sera vrai. Maintenant quant à savoir, pourquoi, comment je suis là… quel en est l’intérêt ? ? N’est-il pas plus important de se poser la question du comment je vais faire pour être encore là demain… On ne peut empêcher l’humanité de croire, j’en suis fort aise, je me poserai moins de questions face à quelqu’un qui croit pour bouffer sa part de riz quand on en sera là…. de toutes façons à bientôt sept milliards, croyants pas croyants, il faudra se poser la même question que la fourmi qui, dans une fourmilière, se demande si elle est la fourmilière ou si elle vit dans la fourmilière…. En ce qui me concerne j’ai choisi, je bouffe le riz et la main de celui ou celle qui me le tend… quoique pour celle ….
Où l’on sent la présence de l’humain… 31
Je suis un type d’une banalité déconcertante, je n’ai pas de piercing au nombril, pas de tatouage maori sur le corps parce que mes ancêtres sont du Perche et hier je suis resté une heure à la plage à compter et noter sur mon Iphone:
« espace couvert: environ un demi cercle d’une vingtaine de mètres de rayon, nombre de personnes: entre 120 et 130 voir plus avec ceux qui passent, nombre de gros (vraiment gros): 19, nombre de femmes aux seins nus: 7, nombre de gros culs vus: 12, nombre de gamins beuglant pour un oui ou pour un non et entendus: 6, nombre de personnes mangeant des trucs gras: 9, nombre de femmes enceintes jusqu’au cou fumant: 1, nombre de mecs à gros bras jouant au foot sur une plage où il n’y a pas de place: 3, nombre d’éventuels faux seins: 4, nombre de femmes portant un piercing visible: 19, nombre de personnes à la peau noire: 0, nombre de burqas: 0, nombre de procession religieuse: 0, nombre d’éventuelles prostituées:1, nombre d’éventuels prostitués: 0, nombre éventuels d’homosexuels tous sexes confondus: 3 (dont un qui l’ignore), nombre de mecs qui ce soir ne pourront pas encore voir leur sexe parce que leur ventre couvre leur champ de vision: 7, nombre de mec notant sur un Iphone: 1 et j’en suis fier….
Ce n’est pas moi qui suis cynique, c’est l’humanité qui est odieuse…
Où l’on sent la présence de l’humain… 30
Je me suis absenté quelques jours, je suis remonté vers le nord …. en quête de corps et d’humains. J’y ai trouvé ce que je cherchais et même un peu plus…. il y a plus d’humaines que d’humains, c’est certain et cela me fait du bien….
Ales, lundi 9, ils étaient assis à la terrasse du bar des forains, à l’heure de l’apéro du midi…. Deux hommes, celui de gauche sera insignifiant dans ce premier temps, c’est celui de droite qui m’a interressé. Il avait soixante ans ou un peu plus, peut être soixante-dix… sa chemise déboutonnée laissait s’exprimer un ventre sphérique à la blancheur évidente… le blanc de ceux qui fuient la lumière. Il était assis à une dizaine de mètres derrière une table de bar sur laquelle reposait le verre d’anisette qu’il était en train de boire. Sous la table son chien: un de ceux qui ressemblent aux buldogs mais qui n’en sont pas. Son chien et lui avaient le même faciès, tel chien, tel maître. Ils se ressemblaient de la plus grande évidence qu’il fut. Si le chien avaient eu la même moustache que le maître , on eut pu les croire frères. À sa droite dans une petite poussette spécialement aménagée par un quelconque fabricant, siégeait fièrement un petit Yorkshire de moins de trois kilogrammes…. quand cette petite chose empoussettée avait chaud, madame, vêtue anecdotiquement, d’un chapeau de paille fleuri et d’une paire de Croks, fleuris eux aussi, lui vaporisait à l’aide du matériel adéquat, une bruine aqueuse. Tous regardaient presqu’en choeur passer les gens…. un moment je constatai qu’en vieillissant les femmes du sud, avaient tendance à s’épanouir…. je fus ravi.
Où l’on sent la présence de l’humain… 29
C’est plus ce que c’était le sud-est… On y confond les putes qui y travaillent par deux avec les mères divorcées en quête d’un câlin de fin de semaine… à moins que cela ne soient les mêmes…On ne peut pas y draguer si on y pense de trop… il faut brasser de l’air pour faire tomber la température…. un type du coin qui commence à draguer raconte sa vie, celle de ses parents et grands-parents…MOI, je m’y tais, je bois, je regarde, j’écoute…. Et quand je parle elles ont tendance à dire: » vous n’êtes pas d’ici, vous êtes du nord… »pourtant elles sont belles les garces, quel que soit leur âge, mais elles le savent… J’aimerais pouvoir leur dire, mais il faut crier par-dessus la musique et faire semblant… je ne supporte pas de faire semblant … vénales ? Je ne saurais le dire… Mais le mariage donne l’impression d’y être encore important….Il y a une seule manière d’être dans le sud-est….Mais ont-elles les fesses blanches ?
Où l’on sent la présence de l’humain… 28
Aujourd’hui d’un commun accord avec mon silence , je me suis interdit à regarder, écouter, entendre….. Tout va trop vite, trop loin et je ne saurai dire ce qui a une importance…
Où l’on sent la présence de l’humain… 27
À la plage on y voit, on y sent, on y sait…. Hier ce couple jeune, elle, lui leurs deux enfants. Lui tatoué sur les bras, le dos, une jambe. Elle, le bas du dos, le haut, le pied; un percing au nombril. Il est seize heures et trente minutes, leurs deux enfants jouent dans les vagues, petites, sans ressac…. trop peu de danger. La mère est assise sur la plage, elle crie sans se déplacer, mettant en garde d’un danger inexistant, elle jette aux vagues ses angoisses de noyade, ses peurs, elle a un corps joli, un ventre de femme qui a porté deux enfants, rien que de l’ordinaire que j’aime… Pendant ce temps, monsieur, vêtu d’un de ces ridicules petit chapeau de paille, d’un caleçon de bain, les bras écartés pour intensifier l’explosion pectorale, le bassin expulsé vers l’avant intensifiant un écartement de jambe naturel, téléphone haut et fort…. il est à 2m de moi. Je sais tout, j’entends tout…. il n’a aucune conscience de l’espace dans lequel il vit, il raconte à son interlocuteur comme s’il était face à lui, les autres alentour n’existent pas… Cela a peu d’importance, si ce n’était qu’il commente le film porno que l’interlocuteur en question lui a prêté la veille et l’impact érotique que le visionnement en couple a eu sur sa femme, celle qui s’affaire avec les enfants, l’espace d’une conversation téléphonique son intime est mien… ils sont toujours à deux mètres de moi. Monsieur raccroche son téléphone, émoustillé par son appel téléphonique, il s’assoit sur la serviette de plage à côté de sa femme, entreprenant, caressant… Il lui propose une petite situation échangiste avec son cousin, l’homme du téléphone, et sa fiancée du moment…. entre cris vers les enfants, et proposition du mari…. elle se tait, derrière ses lunettes noires, elle regarde son mâle sans sourire…. lui répond un je sais pas… lui, ne supporte pas cette frustration, se lève, va voir ses enfants, élève la voix, revient avec l’un d’eux, lui gonfle un petit matelas bleu , lui donne, l’enfant s’en retourne jouer… Il repropose avec insistance…. elle finit par répondre sans enthousiasme: » oui, il est cool et elle est comment ?_ C’est une meuf » fin de citation. Il fête cela en ouvrant un gros paquet de bonbons au chocolat qui ne fondent pas dans la main….La mère continue de crier, les enfants aussi…. le père reprend son téléphone la bouche pleine…. »Allo… oui c’est bon…. »
Je n’aime pas les bonbons au chocolat….
Où l’on sent la présence de l’humain… 26
Là je vais m’envoler, m’exalter…. un hommage aux culs, j’en vois passer en ces jours d’été. Lumières du matin effleurantes accompagnant leurs robes et tuniques blanches qui par leur transparence laissent apercevoir des formes sculptées, langoureuses, houleuses, chaloupantes. L’air frais du matin passent sous ces tissus, caressant la peau caramel qui doucement se tend…. putain, s’il ne tenait qu’à moi, j’irais à pleine main saluer les croupes estivales.
Lumières du soir, apprêtés dans de moulantes jupes noires ou blanches, ils sont là musclés,grassouillets, haut perchés, près du sol, en hommage à Rubens…celui des femmes qui attendent des hommes, élégamment posé sur les tabourets des bars, légèrement désaxés parce que leur propriétaire ont leurs jambes croisés… ils sont par deux, côte à côte… nom d’odieux, s’il m’était possible de les saisir à pleines mains.
Celui de cette femme de quarante ans, venue avec sa fille de treize, boire un verre le soir…. épanoui sous son vichy, prête à se cambrer ….elle se mit à danser, tel la 7ème symphonie de Beethoven dont on dit qu’elle fut l’apothéose de la danse, son cul fut ce soir là, l’oeuvre de toute une vie….Où l’on sent la présence de l’humaine…
C’est dans le regard des femmes qu’on lit le mieux la force de leur cul.
Où l’on sent la présence de l’humain… 25
18 h , assis à la terrasse d’un café, elles sont trois âgées d’une soixantaine d’années, elles parlent de leurs anciens maris…. leurs tromperies, leurs maîtresses, leurs amants, le pourquoi autrefois il a été voir ailleurs, le comment je l’ai trompé… Elles le disent haut et fort, en buvant du vin blanc. Après ce sont leurs enfants qui en prennent pour leur compte, leurs enfants de plusieurs maris, leurs petits enfants de plusieurs remariages…. un bordel dans lequel elles s’engouffrent avec colère et rancoeur…. elles sont désormais seules.
10 h ce matin dans un supermarché près de Toulon, une autre grand-mère, de couleur marron, plus teintée que bronzée, habillée d’un débardeur de cuir, d’un pantalon moulant semi-transparent, de talons aiguilles à n’en plus finir, un pétard en guise de cheveux, le visage transpercé de piercings, une maigreur d’un autre temps…. un bébé dans la poussette qu’elle pousse, un bébé aux yeux de toxicomane tellement ils sont fixes et vides, un bébé qui ouvre la bouche sans qu’il en sorte un son…. une grand-mère qu’on eut appelé sorcière.
18 h 30… un acteur, ancien de cinéma, passe près des grand-mères qui trucident leur ex…. il ressemble à un petit grand-père. C’est beau une ville ce jour.
Où l’on sent la présence de l’humain… 24
Les petites vieilles revêtues de robes aux couleurs chatoyantes font tâches quand elles se promènent, tordues, soutenues par leur canne, pliées par le temps qu’elles ont vécu et qui a modelé leur corps afin qu’on puisse y lire les douleurs passées. Elles sont là cependant, rythmant la vie de cette petite ville côtière, mélangées à certaines jeunes femmes dont on sait qu’elles effaceront la moindre ride, gommeront le moindre bourrelet, rectifieront leur nez…. elles s’uniformisent, promènent un décolleté provenant du même fabricant, la forme de leurs seins ne leur appartenant plus, la bouche définitivement figée dans une grimace à laquelle il ne faut pas sourire, encore moins pleurer…. Elles les exhibent comme elles cherchent à linéariser, infantiliser un sexe qui ne s’expriment plus que par sa fonction et non par son état. Elles sont monomorphes, juste différenciables par le son de leur voix, leur couleur de peau est la même, jusqu’à leur beauté cataloguée, calibrée, référencée…. leur masse corporelle ne leur indiquant plus qui elles sont par la causalité de ce qu’elles ont été. Elles cachent l’improfondeur de leur regard derrière la même paire de lunettes. Elles sont négociables par morceau ou entière, comme sur l’étal d’un boucher…Elle est une espèce en voie d’apparition…..à mi-chemin entre la gonflable et la vraie…. J’aime les gros culs de mes petites vieilles, les seins énormes d’autres, le son de leur voix haut perché….nous ne sommes plus loin du clonage.
Où l’on sent la présence de l’humain… 23
Ah ! le Var…. l’été…. la nuit…..le samedi soir…… il y a du beau monde de sortie. Comment dire ? J’ai peut-être l’impression, fausse certainement, que le mauvais goût y est plus facilement cultivé qu’ailleurs.Il est de fait qu’on doit paraître: paraître beau, paraître riche, paraître fort…. donc on le montre, on le dit, on l’extériorise…. ce doit être culturel. N’y voyez pas de ma part de la mauvaise foi ou de l’anti-varisme primaire, c’est un simple constat que j’essaie de placer à un niveau sociologique. Ici, les hommes montrent qu’ils ont des muscles, ici la voiture doit être puissante, ici la femme est maquillée, apprêtée …derrière l’homme qui avance vers le collègue en roulant des épaules… À la plage hier, confiné sur ma serviette, au loin une famille… des hommes, des femmes, les hommes jouent au ballon, les femmes se prennent la tête avec leur gamins…il y a une lecture du sud qui me saute chaque année aux yeux, les hommes ayant de plus en plus de mal avec la conscience de leur virilité essaient d’extérioriser celle-ci dans de savants clichés obsolètes… qu’ils soient riches ou pauvres le « vulgus » de leur état est le même… Je me trompe certainement et tout cela n’est que de la mauvaise foi de ma part, j’en suis convaincu. J’ai le regard froid de l’homme du nord qui jalouse la beauté plastique de leurs corps mâles, j’ai l’envie de leurs femmes qui dorées jusqu’au clitoris se soumettent à tous leurs désirs…. Enfin quand elles m’en parlent, elles me disent que tout cela n’a que peu d’importance… pourquoi en suis-je arrivé là ? Ah oui, le Var… l’été… la nuit…. tout brille, tout le monde rit….. sauf les trois petites chinoises qui à une heure du matin ont fini leur service de plonge en cuisine et qui se rassemblent près des poubelles, derrière la couche de vernis pour parler le Mandarin et fumer une cigarette…. Le Var, l’été, la nuit… un peu comme ailleurs.
