Se levant difficilement, ce matin attardé, trébuchant sur des verres, qui la veille n’étaient pas cassés, juste pleins, opaques pour certains,démesurément vides pour d’autres; il ouvrit sa fenêtre, sans fumer, sans regarder plus loin que l’horizon découpé par ses arbres. Éventuellement le soleil brillait, le bleu du ciel , surfait depuis longtemps, lui paraissait vert, aussi vert que certains des verres étaient vides…Il se dirigea vers sa douche, noire, aux carreaux de faïence blancs….L’eau froide ne le réveilla pas plus que si elle avait été chaude, son corps engourdi par une cuite commencée vingt ans plus tôt ne répondait plus à ces stimuli. Son corps, dont il n’aimait plus l’épaisseur flasque et démesurée, le pesait; le grain de peau s’oblitérant des années passées à ne pas l’habiter semblait être un de ces négatifs anciens dont la granulation argentique laissait cette impression propre aux photos d’une époque passée, son corps s’opposait à lui. Il ne le regardait plus depuis longtemps, il n’écoutait plus son corps depuis longtemps… cependant il aimait parfois sourire, se laisser aller à ce mouvement des lèvres et joues qu’il ne pouvait s’empêcher d’accompagner de quelques larmes….Au moment où il sentit son cœur lâcher prise, commencer à ne plus pouvoir continuer de battre, ce petit pincement s’intensifiant en douleur profonde, Il sourit , pensant aux sourires d’un plaisir lointain….un verre vide reposait à ses pieds, son cœur oubliant de battre….sans rire.
Photographie et texte se complètent très bien. J’aime beaucoup 🙂