Moseph acte 8


Adamah avait une fille, Jarie, de l’âge de Moseph, à peu près, éventuellement, cela n’a pas d’importance. Jarie était la vibration profonde et interne d’Adamah, sa femme était morte en la mettant au monde, il avait fait grandir cette petite, et ce malgré l’impression rustre que pouvait faire ressentir sa grande et lourde carcasse de mâle esseulé. Il avait tout  appris à  Jarie, elle possédait tous les arts dans lesquels l’humanité excellait, elle écrivait, peignait, dansait, chantait, jouait  de la harpe et d’autres qu’on ne sait nommer. On eut dit qu’elle n’eut été sur terre que pour satisfaire  à la longue histoire de la création artistique et ce, malgré son âge qui n’avait cependant pas d’importance. Jarie était de ces êtres capable, évidente, transcendante, émotionnelle, sensuelle, animale, brutale dans ses moments créatifs, extraordinaire de douceur dans ses instants de regardeuse, les yeux vers ses rêves. Autant Moseph était laid et droit dans ses rares actions, autant elle était radieuse et belle dans son agitation créatrice que l’on aurait pu dire vibratoire, elle vibrait  à l’unisson du monde , supportant ces instants lourds où tout s’accorde pour que chacun puisse pleurer  en regardant…. la perle et l’écrin, les différences, deux solitudes dans deux mondes différents. Le temps s’arrêta juste pour le moment pendant lequel ils se regardèrent, chacun put pénétrer dans le monde de l’autre….c’était la fin d’un début et le commencement d’une fin.Elle lui prit la main et l’entraîna jusqu’à l’étable où Moseph dormirait dorénavant… je ne sais plus son âge sans importance, Moseph non plus , Adamah n’avait pas d’âge , il gardait….expo-7

Et il écrivit…


Bouillonnant, il écrivit des mots et encore des mots , de ces mots orduriers et orthographiés en langue orale, il écrivit , écrasant le stylo, suçant l’encre noire de ses doigts. Il écrivit des je t’aime de fin d’orgasme, des je t’aime de bord de lit, des je t’aime de vingt-trois heures et de début d’après-midi. il écrivit en silence autorisant le droit d’hésiter aux femmes qui voulaient le quitter. Il écrivit des histoires heureuses sans fin, des fins sans histoire, des vies de con qu’il avait déjà  vécues , des vies de merde qu’il sentait plus fortes que jamais….il lut ce qu’il avait écrit, il lut de sa voix forte et nerveuse, des textes dont le sens n’avaient de sens que pour lui. Il lut l’histoire passée des instants amoureux, il lut  à en mourir, en silence , l’odeur des femmes reposant sur le temps de la journée. Il lut silencieusement ces phrases qui n’en finissaient plus.mmp (8 sur 34) [1600x1200]

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