Adamah apprit tout à Moseph. Il lui apprit comment tenir l’outil, comment goûter la terre pour savoir ce qu’elle produirait après l’hiver, comment regarder le ciel pour deviner l’eau qui tomberait, comment attendre que le blé pousse, comment se contenter de ce qui avait poussé. Adamah veillait sur sa terre, elle, et cet enfant au visage abimé. Moseph retenait sans que le gardien eut à répéter , il retenait parce que cette terre était comme un sein auquel il s’accrochait, à la fois nourriture et chaleur. Jarie grandissait et devenait de plus en plus belle, elle ressemblait certainement à sa mère, Adamah l’exprimait par son silence et le regard qu’il posait parfois plus intensément sur sa fille. Il la savait différente, à la fois reflet de la femme qu’il avait aimée et autre par cette puissance créatrice qu’elle ne cessait de montrer . Elle générait sans cesse de nouvelles formes , de nouvelles couleurs, de nouvelles odeurs….Moseph, vieillissant, lentement, certainement, sincèrement, regardait à regard perdu le corps de Jarie changer, se féminiser, se troubler des regards de Moseph. Il savait quels étaient les changements… ses hanches dont la courbe s’étoffait, ses seins qui s’alourdissaient, son ventre dont l’odeur remontait bien au-delà des senteurs et lenteurs de la terre odorante…il la savait devenir femme, femelle….ce sont ces hanches qu’il eût aimé tenir, les siennes…..